A Bruxelles (Belgique) la maison-musée Horta renouvelle le regard sur la figure belge de l’Art Nouveau pour mettre en lumière la pluralité de ses inspirations et sources d’influences...
En ouverture de l’exposition, sont présentés trois figures importantes qui représentent les mentors de Victor Horta. Dans l’atelier d’Alphonse Balat (1818-1895) ou il est embauché comme stagiaire puis dessinateur, il se forme au métier, se confronte à la rigueur et à la perfection. Il travaillera à ses côtés aux serres royales de Laeken, qui innove par l’usage du fer et du verre. Joseph Polaert (1818-1879) à qui l’on doit le Palais de justice de Bruxelles constitue une autre influence de même que le français Viollet-le-Duc dont il lit les ouvrages. Horta, a vécu un an à Paris en 1888, un séjour au cours duquel il découvre l’Opéra de Charles Garnier, autre expression architecturale d’une personnalité et d’un style très marqué.
Horta versus Polaert
Signes de son admiration pour Joseph Polaert, Horta se confronte à deux reprises à son imposant Palais de justice, une construction qui le fascine mais dont le style massif semble pourtant bien éloigné du vocabulaire courbe et organique de l’Art Nouveau. Dès 1892, Victor Horta rate un premier concours pour une porte d’entrée pour l’édifice. Et puis en 1927, l’architecte postule à un second concours, pour l’aménagement de la place du Palais de Justice, avec deux bâtiments inspirés du style de l’édifice. Plusieurs dessins de ce second projet sont ici présentés.
Affinités multiples
Cette salle explore des jeux d’échos et d’affinités, illustrant la diversité d’inspiration de l’architecte bruxellois, aussi bien intéressé par le gothique que par le style rocaille. Des modèles en plâtre de l’atelier d’Horta sont confrontés à des photos de moulages issus du musée d’art et d’histoire de Bruxelles. Plusieurs représentent des éléments de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Sur le panneau de droite, des boiseries du XVIIIe siècle sont associées à d’autres moulages d’Horta, qui reprend les lignes de ces décorations en les épurant. «C’est du Louis XV sans sculpture» dira à ce propos l’architecte Paul Hankar, autre représentant de l’Art Nouveau bruxellois.
Horta versus Viollet-le-Duc
En lisant Viollet-le-Duc, Horta apprend ce qu’est une architecture respectueuse des matières, le rôle fondamental de la structure, de la fonction et de la destination. Une sorte de fonctionnalisme avant l’heure. Démonstration avec deux poignées de portes : celle qu’il a dessinée semble se couler dans la main. «Chez lui, le dessin est absolument déterminé par l’aspect pratique, le programme » insiste le conservateur du musée. Avec l’hôtel Tassel construit à Bruxelles en 1893, Victor Horta rend apparente la structure métallique, celle-ci devient une ornementation selon la théorie développée par l’architecte français.
Reconstitution 3D
La dernière salle propose deux restitutions en 3D de bâtiments d’Horta aujourd’hui disparus réalisées par le laboratoire Alice de la faculté d’architecture de La Cambre. L’une est consacrée à sa dernière demeure, 136 avenue Louise, un hôtel particulier qu’il rachète et dont il réaménage tout l’intérieur mais qui sera détruit après sa mort. Le second édifice est la salle de musique de chambre du Palais des Beaux-Arts, dont le dessin initial a été défiguré. Ses lignes géométriques, d’inspiration néoclassique et l’usage du béton brut sont assez proches du style développé par Auguste Perret pour le théâtre des Champs-Elysées, inauguré à Paris en 1913.
Classicisme moderne
La maquette du Palais des Beaux-Arts (1920) mis en regard de celle du "Pavillon des passions humaines" (1892) aux allures de temple antique, illustre une relecture du classicisme. Le début du XX° siècle est l’occasion pour les architectes de se confronter au vocabulaire classique pour expérimenter une écriture moderne, à la fois sobre et efficace. Dans le retour à la fin de sa vie, vers une sobriété des lignes géométriques, Victor Horta met finalement en application le conseil d’Alphonse Balat : «Simplifiez, simplifiez encore et toujours….» Un retour à l’ordre du décor qui signale aussi l’adaptation à une époque, à des besoins et des nouvelles matières. «Horta fait preuve d’une certaine modestie car son art s’adapte à une époque» conclut Benjamin Zurstrassen.
Voici une exposition en forme de «pas de côté» sur l’œuvre de Victor Horta (1861-1947).«Victor Horta versus Art Nouveau» entend revisiter une œuvre souvent abordée au seul prisme de cet Art Nouveau, une étiquette parfois réductrice. «On évoque régulièrement à son sujet l’influence de la nature et du Japon, mais il y a d’autres sources d’inspiration» relève Benjamin Zurstrassen, le conservateur du musée établi dans l’ancienne demeure de l’architecte dans le quartier Saint-Gilles. A travers une sélection de dessins, photos, maquettes, plâtres et mobiliers issus des réserves du musée, le parcours aborde les multiples sources qui ont nourri son travail. Son style se nourrit d’influences éclectiques qu’il souhaite dépasser. L’enjeu est de sortir de la stricte imitation pour mieux affirmer sa personnalité. «A l’instar d’autres architectes de la fin du XIXe siècle comme Gaudi ou Hoffmann, Horta développe une pensée fondamentalement individualiste» insiste le conservateur.
Découvrez le témoignage de Sandrine Porterie qui nous partage son parcours au sein du Groupe et nous plonge au cœur de l’agence d’Aix-en-Provence qu’elle dirige aujourd’hui.