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Pour voir grand, le centre Pompidou lance un concours d’architecture

Alors qu’une opération de rénovation technique est déjà programmée depuis 2021, le président de l’établissement culturel parisien, Laurent Le Bon, a annoncé le 10 mai le lancement d’une compétition qui permettra de répondre à de nouvelles ambitions culturelles. Ce second projet visera notamment à investir des surfaces situées sous la piazza. L’édifice conçu par Renzo Piano et Richard Rogers fermera de 2025 à 2030..
 

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En 1971, l'un des coups de génie des architectes Renzo Piano et Richard Rogers, lorsqu’ils avaient pris part avec leur confrère Gianfranco Franchini au concours de ce qui allait devenir le centre Pompidou, avait été d’imaginer de compacter ce futur temple culturel parisien sur un pan du terrain pour laisser une vaste place ouverte au grand public, la piazza.

Cinq décennies plus tard, le centre Pompidou doit engager un vaste chantier qui l’amènera à fermer ses portes de 2025 à 2030 et la grande idée sera de permettre à l’établissement de gagner de l'espace sous cette même piazza.

Dessin de Renzo Piano

Ce potentiel d’évolution en infrastructure est d’ailleurs clairement identifié sur un dessin de la main même de Renzo Piano, que Laurent Le Bon, le président de l’institution a présenté publiquement le 10 mai dernier. Au cours d’une conférence menée avec la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, le maître des lieux a donc annoncé le lancement d’un concours d’architecture qui permettra d’installer un projet culturel renouvelé dans l’étrange créature, tout en organes et en artères apparents, qui avait surgi au centre de Paris en 1977.

Validée le matin même du 10 mai par le conseil d’administration de l’établissement, l’organisation de cette compétition implique un début de chantier en 2026. Il ne s’agira plus, comme en 1971, de lancer un concours totalement ouvert qui avait permis à 681 candidats de s’affronter – et à de jeunes architectes jusqu'alors totalement inconnus de l’emporter. Mais, assure Laurent Le Bon, «n’importe qui pourra concourir à condition de remplir les conditions nécessaires. Puis six candidats seront sélectionnés pour être départagés au cours d'une seconde phase.» L'avis de concours de maîtrise d'œuvre a été publié le 15 maisur la plateforme des marchés de l'Etat, Place.

L'architecte Renzo Piano ne prendra pas part au concours, mais il assurera une mission de suivi et de conseil, en son nom mais aussi en celui de son confrère et comparse Richard Rogers. Laurent Le Bon explique en effet que l’architecte génois, dont l’agence parisienne est d’ailleurs à deux pas du Centre Pompidou, exerce le droit moral sur l’œuvre depuis le décès du Britannique en décembre 2021.

Usure du bâtiment

Contrairement à ce qui avait été publié dans un premier temps, ce projet culturel vient s’ajouter à l’opération de refonte technique et de remises aux normes portée par l’agence AIA Life designers, depuis qu'elle a été désignée en 2021 à l’issue d’un dialogue compétitif. Ce «schéma directeur technique» avait été annoncé par Roselyne Bachelot-Narquin, lorsqu'elle était ministre de la Culture, pour permettre de remédier à l’usure du bâtiment.

Ainsi, l’établissement public précisait à l'époque qu'il était devenu indispensable de «procéder au désamiantage total du bâtiment et (...) le rénover entièrement afin de répondre aux normes de sécurité, aux normes techniques et énergétiques en vigueur ainsi qu’aux obligations d’accessibilité pour les publics handicapés».

Le 10 mai, Rima Abdul Malak a réaffirmé cette nécessité de rénover la folle tuyauterie de Piano et Rogers : «Les derniers travaux effectués au centre Pompidou avait surtout concerné les intérieurs mais rien n’avait jamais été effectué sur l’extérieur du bâtiment, or il s’est beaucoup dégradé.» L’actuelle ministre de la Culture, n’a pas manqué d’insister sur l'incontournable rénovation énergétique du bâtiment. En 2021, l'agence AIA promettait que le chantier à venir permettra 60 % d’économies d’énergie.

Initialement, cette remise à niveau devait entraîner une fermeture de trois ans, à partir de 2023, de l’édifice. Si des interventions ponctuelles ont déjà pu être effectuées, cette intervention, déjà repoussée une première fois, pour garder le centre ouvert le temps des Jeux olympiques de 2024, devra encore patienter et surtout prendre en compte les nouvelles ambitions contenues dans un autre schéma directeur, culturel cette fois. Celui-ci, ainsi que son volet architectural propre, a été échafaudé depuis deux ans par l'équipe de Laurent le Bon, qui avait été nommé à la tête du centre en juin 2021.

«Faire avec ce qu’on a»

S’appuyant sur une coupe aussi colorée que ne l’est l’édifice lui-même, le président a détaillé les principes d’un «centre Pompidou complètement métamorphosé mais qui préservera son utopie et son ADN». Partant du redéploiement en sous-sol, le responsable a rappelé l’évidence : «Il n’était pas question de bâtir une nouvelle aile, nous devions faire avec ce qu’on a. L’idée de Renzo Piano est donc d’habiter sous la piazza. Nous pourrons gagner une magnifique surface, notamment en utilisant un ancien parking pour autocars. Celui-ci n’est plus utilisé, tout bonnement parce que les véhicules dont le gabarit a augmenté ne peuvent plus y accéder.»

Pour les étages supérieurs, le programme suppose une réorganisation polarisée avec au sud, le regroupement des activités «commerciales» et «ouvertes sur la ville» de l’établissement – la boutique, la librairie et un grand restaurant – et au nord, les fonctions d’accueil de l’institution. Le rôle majeur de la Bibliothèque publique d’information, la «BPI» bien connue de tous les étudiants franciliens, est réaffirmé et deux niveaux lui seront consacrés. Un projet antérieur, celui du réaménagement imaginé l’Atelier Canal en 2017, avait été précédemment abandonné.

Nouveau belvédère

Alors que la scénographie du Musée national d’art moderne, signée de l’architecte italienne Gae Aulenti (1927-2012) n’avait pas bougé depuis quarante ans, ses deux niveaux seront aussi réaménagés. Ils hébergeront à terme l’Atelier Brancusi, jusqu’alors logé dans un bâtiment spécifique, construit à une extrémité de la piazza par Renzo Piano. Ce petit édifice deviendra, lui, un centre d’études et de recherche.

Le sixième niveau restera le lieu des galeries des grandes expositions qui font la renommée du centre. En revanche, la concession du restaurant Georges, dont l’architecture de mini-grottes avait été imaginée par l’agence Jakob+MacFarlane, arrive à échéance et l’avenir de ce lieu reste à décider.

Pour parachever l’ascension, ce Pompidou transformé, qui offrait déjà des vues incroyables depuis la «chenille» de ses escalators suspendus en façade, proposera un nouveau belvédère au public puisqu’une terrasse sera ouverte au public au niveau 7.

Pas de chantier sans budget. L’institution dispose déjà de l’enveloppe de 270 millions d’euros destinée au schéma directeur technique. La montée en puissance du projet suppose cependant un surplus de 180 millions d’euros dont environ 20 millions sont financés, eux par les crédits qui étaient prévus pour le réaménagement de la BPI. Les 160 millions restants, «nous les trouverons nous-mêmes», a assuré Laurent Le Bon qui compte notamment sur des partenariats.

«Pompidou Francilien»

Un autre pan important du projet reposera enfin sur sa programmation hors les murs, tout au long des cinq années de fermeture du vaisseau-mère. La liste des collaborations avec d’autres institutions à Paris, en région et à l’étranger est déjà d'une longueur impressionnante. Mais le centre Pompidou pourra aussi s'appuyer sur un nouveau satellite : son futur centre de conservation de Massy, dans l’Essonne.

Désormais nommé «Le centre Pompidou francilien», ce site destiné à servir de réserves aura également une mission d’accueil du public. Le choix du projet lauréat pour ce nouvel établissement fera l'objet d'une communication en juin. En somme, Pompidou fermera cinq ans, mais Pompidou n'aura de cesse de faire parler de lui.

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