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NOC 42 casse les codes du logement étudiant

Lauréat de l’appel à projets Réinventer Paris 1, NOC 42 d’AR Studio d’Architectures est constitué de deux immeubles de dortoirs reconfigurables pour l’armée de codeurs en herbe de l’École 42 de Xavier Niel. De part et d’autre des boulevards des Maréchaux, l’établissement et ses satellites animent jour et nuit cette lisière du XVIIe arrondissement.

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En 2016, NOC 42 (pour «Not Only a Campus») d’Adrien Raoul, fondateur de l’agence AR Studio d’Architectures, et OH4S, entreprise présidée par Xavier Niel, est lauréat de Réinventer Paris 1. Le projet portait sur deux parcelles détachées d’un grand ensemble des années 1960 de Paris Habitat, sur le boulevard Bessières et rue du docteur Paul-Brousse, juste en face de l’École 42 fondée par Xavier Niel. Son objectif : offrir aux futurs développeurs informatiques originaires de province un lit dans la capitale pour quelques nuits, semaines ou mois, en attendant de trouver un petit boulot et un logement en colocation.

Entité à trois têtes

La réversibilité des plateaux de dortoirs a été mise à l’épreuve dès leur livraison au printemps dernier. Actuellement, seul un niveau sur les deux immeubles abrite 94 couchages. Dans deux ans, l’ensemble en comptera 786. Un changement de programme temporaire a vu le remplacement des lits par des ordinateurs derrière lesquels les étudiants travaillent pendant la durée du chantier de leur école. Car face au succès rencontré par cette formation supérieure gratuite dans le domaine du numérique, les effectifs vont être doublés. Adrien Raoul, qui avait déjà livré en 2013 ces locaux, se charge aujourd’hui de les agrandir.

«L’idée de NOC 42 était de proposer un support assez minimal pour plein d’usages et d’œuvres d’art, dans l’esprit de l’École 42, sans cours ni professeur, ouverte 24h sur 24 et qui fonctionne de manière très versatile !», précise l’architecte. Avec l’artiste Christian Delécluse, il a conçu les deux nouveaux immeubles comme faisant partie intégrante de l’établissement. Le duo a appliqué un «processus de numérisation à l’échelle des bâtiments». Soit des façades pixelisées sur une trame carrée de 3 m de côté, composées de boîtes tantôt en retrait tantôt en débord, inspirées par l’œuvre de Jean-Pierre Raynaud et les projets de Superstudio. Uniquement différenciés par leur revêtement, un enduit blanc ou un bardage de mélèze, elles sont dotées de fenêtres aux vitrages fixes qui occupent la hauteur d’un niveau et d’ouvertures aménagées dans les parties pleines.

Espace minimum

À l’intérieur, les différences de profondeur de chaque case créent des effets de compression ou de dilatation mais ces recoins semblent peu évidents à investir. De surcroît, la structure poteaux-poutres en béton, qui ne suit pas la trame des façades mais l’irrégularité de chaque parcelle, génère «un petit jeu de rencontres et de hasard entre deux logiques». Ainsi, un poteau peut se retrouver au milieu d’une baie et des espaces interstitiels apparaissent.

Pour un tarif inférieur à celui d’une auberge de jeunesse, les étudiants dorment dans des lits cabines superposés, boîtes en panneaux de bois mélaminé d’1,20 m de haut et de large relevant du train couchette. Les placards, pas beaucoup plus grands que les consignes de musée, sont regroupés en plusieurs points du plateau. Il sera donc possible d’installer environ 100 lits pour 315 m². Pour réduire au maximum les circulations horizontales, elles sont intégrées aux volumes ouverts, le long des façades. Tandis que la centralisation des douches collectives au rez-de-chaussée permet d’importantes économies en énergie primaire.

Toujours dans cette logique, l’ensemble des fonctions est réparti entre les bâtiments. Comme aucune kitchenette n’est prévue, les étudiants se rendent dès le petit-déjeuner à la cafétéria de l’école. Justifiant ces choix, Adrien Raoul n’hésite pas à évoquer «l’optimisation des usages pour décarboner l’architecture en offrant 5 m² par étudiant tout compris contre 22,5 m² en moyenne pour une studette!» Mais ces lits d’appoint seront surtout valables pour passer la fameuse «Piscine», intense sélection estivale immersive de l’École 42, répartie en trois sessions d’un mois.

Ouverture sur le quartier

L’équipe a également réfléchi à une certaine complémentarité avec les services qui existent déjà autour de NOC 42 (laverie, sandwicherie, café) afin que les étudiants les utilisent. Et elle travaille main dans la main avec la régie de quartier Passerelles 17 pour que les riverains et le tissu associatif local partagent avec les jeunes codeurs les toitures-terrasses plantées, une épicerie participative, une salle de conférence au rez-de-chaussée et une salle de spectacle et d’exposition au sous-sol. La programmation de cette dernière est assurée par Nicolas Laugero Lasserre, fondateur d’Icart (école du management et de la culture du marché de l’art) et du Club Artistik Rezo. À défaut d’un minimum d’intimité, les étudiants profitent d’une ouverture sur le quartier et sur l’art…

Fiche technique

Maîtrise d’ouvrage : OH4S.
Maîtrise d’œuvre : AR Studio d’Architectures, Christian Delécluse, artiste. BET : RBS (structure), Franck Boutté Consultants (environnement), CD Conseil (fluides), VPEAS (économie), La Ferme de Gally (agriculture urbaine).
Principales entreprises : Firodi (gros-œuvre), Botte (injections), Sietech (revêtement façades), Face-Idf (menuiseries extérieures), Transform (lits clos).
Surface : 5157 m2 SDP.
Montant des travaux : N.C.

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