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Au Grand Palais, tout est compliqué. Et tout le sera moins demain. Dès l’origine, ce monument érigé dans la perspective de l’Exposition universelle de Paris de 1900 n’avait pas su se choisir un architecte – ils furent trois, Henri Deglane, Albert Louvet et Albert Thomas, ni un style : l’architecture de fer la plus moderne de sa Nef avait dû composer avec le classicisme de pierre des façades. Et puis, il y avait ce drôle de plan, imposé par l’axe des rues : à proximité immédiate des Champs-Elysées (VIIIe), sa nef immense et aérienne était rattachée à l’étrange appendice en biais du Palais d’Antin.
Avec le temps et les changements d’usages, des verrières avaient été bouchés, des galeries isolées, des passages obstrués, des espaces entresolés… «Depuis sa construction, le Grand Palais était devenu de plus en plus petit», constate Chris Dercon, président de l’établissement Réunions des musées nationaux – Grands Palais. Dans le même temps, l’édifice s’était abîmé, déstabilisé notamment en raison de la modification de la nappe phréatique.
Spatialité
Alors que les désordres structurels ont été réglés par les campagnes de travaux des années 2000, le Grand Palais est actuellement fermé dans son intégralité pour un nouveau vaste chantier lancé en 2021. «Le parti du projet est de redonner au bâtiment ses qualités de spatialité, Nous allons restituer les grands axes de sa composition et surtout, ramener beaucoup de lumière», explique François Chatillon qui en tant qu’architecte en chef des Monuments historiques (ACMH) en charge de l’édifice assure la maîtrise d’ouvrage de l’opération. Les aménagements nouveaux seront eux conçue par une équipe emmenée par l’Atelier Senzu.
Ce vaste chantier semble attaquer le bâtiment par toutes ses façades et traiter chacun des 72 000 m² de sa surface totale. Tout cela nécessite l’intervention de pas moins de 42 entreprises, qui travaillent en lots séparés. Ce travail va également permettre de le mettre aux normes et notamment de créer les conditions préalables à l’augmentation de sa jauge. En effet, depuis la réouverture de la Nef après restauration, en 2005, la capacité d’accueil était bloquée à 5 600 visiteurs, soit bien en deçà de ce qu’aurait dû permettre un tel lieu de 13 500 m² d’un seul tenant.
«Après la fermeture de 1993, il avait fallu installer des escaliers extérieurs aux allures de camembert, déplore Daniel Sancho qui après avoir mené les travaux des années 2000 est de retour dans les lieux en tant que directeur de projet côté maîtrise d’ouvrage. Cette fois, on intègre toutes les issues nécessaires dans le bâtiment. Ainsi, la jauge pourra passer à 9 000 personnes.»
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S’il s’agit d’une grande étape de plus dans l’histoire du monument, classé dans son intégralité depuis 2000, le parti n’est cependant pas de décréter une vérité patrimoniale absolue et de le remettre, par exemple, dans son état de 1900. «Même si nous devons nous éclairer des savoirs des historiens et des avis comme celui de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), nous sommes sur un travail de réinterprétation. La vérité, c’est le projet», insiste François Chatillon.
Pertinence
Ainsi les apports de l’architecte Pierre Vivien, qui a aménagé les espaces de ce qu’on appelait jusqu’alors les Galeries nationales dans les années 1960, seront préservés. Et pour la touche finale, des recherches chromatiques sont menées pour déterminer la teinte de certains éléments de l’édifice, comme les volutes de métal de l’Escalier d’honneur. La couleur retenue ne sera peut-être pas la plus historique. Elle devrait être la plus pertinente.
128 ans de travaux
Avril 1897 : début de la construction du Grand Palais.
Avril 1900 : ouverture de l’Exposition universelle de Paris.
1940-1943 : importants travaux de consolidation consécutifs à l’abaissement de la nappe phréatique.
Août 1944 : la partie nord du monument est ravagé par un incendie pendant les combats pour la libération de Paris.
1965 : les Galeries nationales sont aménagées par Pierre Vivien.
1993 : La Nef ferme. Un rivet serait tombé au cours d’une exposition.
2001-2004 : campagne de travaux de structure. Les fondations sont confortées et la grande verrière de la Nef est restaurée.
2005 : réouverture de la Nef.
2005-2008 : restauration des façades.
2021 : lancement de l’actuelle campagne de travaux.
2024 : réouverture de la nef pour les Jeux Olympiques.
2025 : réouverture de l’intégralité du Grand Palais.