Le 12 mars, le chantier du Grand Palais démarrera par une phase de neuf mois de curage, avant les travaux de restauration et de mise aux normes. « Face à la crise sanitaire, nous nous sommes rendu compte que nous ne pourrions respecter ni le budget ni le calendrier avec le projet de l'agence LAN. Nos équipes ont donc imaginé une alternative plus sûre et plus écologique, fondée sur une restauration plus importante du monument historique et une limitation des destructions », expose Emmanuel Marcovitch, directeur général délégué de la Réunion
des musées nationaux-Grand Palais. L'objectif demeure la livraison, en 2024, de la nef et de ses galeries pour abriter les épreuves d'escrime et de taekwondo des jeux Olympiques. Le nouveau projet intègre également des interventions sur les façades et les statuaires extérieures, actuellement sous filets. « Cette réorientation obéit à d'autres stratégies politiques et philosophiques. Notre ambition n'est pas formelle, elle est culturelle : être extrêmement sobre », précise François Chatillon, architecte en chef des monuments historiques. Installée au sein même du Grand Palais, avec le BET Ingérop et Cicad pour la planification, son agence fonctionne en bureau intégré pour une coordination totale entre architectes et ingénieurs, dont l'ensemble du travail s'effectue en BIM. La technique et la logistique seront établies dans l'entresol du bâtiment intermédiaire, au-dessus de la cote d'inondation. La thermie de la nef, qui n'a jamais été conçue pour être chauffée, sera améliorée sans recours à la climatisation. Aux beaux jours, un système de ventilation naturelle favorisera la sortie du bouchon d'air chaud qui se forme en hauteur, tandis qu'en hiver, un principe de dalle active permettra de procurer une sensation de confort. Chantiers Modernes Construction (gros œuvre), les Ateliers Perrault (menuiseries extérieures bois) et VLD (serrurerie d'art) comptent parmi les entreprises désignées.
Le bâtiment intermédiaire, restauré pour accueillir le public, et le Palais de la découverte seront livrés l'année suivante, au printemps 2025. Au fil du temps, les 70 000 m2 construits par Henri Deglane, Louis-Albert Louvet et Albert Thomas pour l'Exposition Universelle de 1900, ont été cloisonnés, rendant le monument illisible. L'axe transversal entre les avenues Winston-Churchill et Franklin-Roosevelt, qui aboutissait sur la rotonde d'Antin, avant d'être coupé dans les années 1930 par l'installation du Palais de la découverte, sera visuellement rouvert.
Déambuler sur 4 000 m2. Les visiteurs retrouveront aussi l'axe longitudinal qui se déploie entre les Champs-Élysées et la Seine, avec une entrée commune par le square Jean-Perrin pour les expositions de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais et le Palais de la découverte. Une succession de vastes places laissera le public libre de déambuler sur 4 000 m2 sans partitions.
« Notre ambition n'est pas formelle, elle est culturelle : être extrêmement sobre » François Chatillon, architecte en chef des monuments historiques
Au cœur de cette composition, la place centrale retrouvera, d'un côté, une transparence sur la nef, à travers des parois vitrées étudiées avec l'entreprise Arcora et, de l'autre, révélera de nouveau la rotonde du palais d'Antin. À l'emplacement des anciennes rampes à chevaux, des escaliers mèneront au sous-sol où l'ancien manège deviendra la Galerie des enfants. Les aménagements des Galeries nationales, réalisés par Pierre Vivien (1909-1999) dans les années 1960, seront conservés et restaurés. « Nous allons retrouver leur intelligence muséographique et reprendre le principe des grands plafonds, avec une lumière douce et constante. Le seul défaut des Galeries était leur autonomie par rapport à la nef, nous travaillerons donc à recoudre l'architecture de Vivien avec celle de Deglane, Louvet et Thomas, pour inscrire la modernité dans une continuité de l'histoire », conclut François Chatillon.