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« Nous n’avions pas le droit à la contre-performance ». C’est dans ces termes que Christian Birbaud, directeur région Sud-Ouest chez Eiffage Construction décrit l’état d’esprit du chantier de la tour, démarré en avril 2019. Risques incendies, séisme, acoustique, confort thermique, etc., toutes les précautions ont été prises pour faire de la tour Hypérion un bâtiment exemplaire. Pour des raisons de réglementation incendie, le bâtiment est passé de 17 à 16 étages, dont les trois premiers reposent sur un socle béton afin de répondre aux risques sismiques. A partir du quatrième étage, la tour est en structure mixte bois et métal pour assurer la résistance et permettre la pose des balcons en porte-à-faux. Si le bois est un isolant naturel, il a été renforcé sur les murs préfabriqués : « Il y a 27 cm d’isolant contre 10 à 12 cm au mieux dans une construction traditionnelle, la réglementation est devancée », détaille Christian Birbaud. Et si l’acoustique n’est pas le point fort du bois, il a été ici compensé par la création d’une masse avec la chape, sous laquelle, il y a un isolant acoustique et un faux plafond.
Le regret d’Eiffage reste l’invisibilité du bois, si ce n’est au niveau des sous-faces des balcons. « Pour respecter les normes incendie, on floque et on cache le bois », précise le directeur.
« Le degré coupe-feu 1 h 30 est cependant assuré par le CLT lui-même, nuance pourtant David Massé, directeur de projets chez Eiffage Construction. Ainsi les panneaux de plancher en douglas de 20 cm d’épaisseur mis en œuvre sur l’opération permettent de répondre sur ce critère aux obligations réglementaires des bâtiments de quatrième famille. Pour autant, des essais au feu préalablement effectués nous ont conduits à prendre la décision de compléter ce coupe-feu par ajout en sous-face de plancher d’un flocage sur treillis métallique fixé mécaniquement sur le bois d’une protection extra-réglementaire contre les feux couvants (non visibles par les secours juste après l’incendie) et évitant ainsi la reprise du feu, surperformance complémentaire au coupe-feu 1 h 30 structurel du plancher CLT ».
Malgré tout, ce n’est pas la structure qui a été la plus difficile à mettre en œuvre. Les balcons, singularité architecturale de l’ouvrage, ont demandé un gros travail de préparation.
Les balcons, singularité de l’opération
La complexité de l’opération ne réside pas dans la structure bois, mais dans la pose des balcons. « Début 2018, six mois nous ont été nécessaires pour finaliser les études d’exécution et notes de calcul associées, alors même que la pose des balcons était la dernière phase structurelle du chantier, mais aussi la plus grosse difficulté », indique David Massé. « Il y a 141 balcons sur cette opération d’1,20 mètre de profondeur à 4,5 mètres pour les plus grands, tenus par des bracons, certains se retournent… Chaque élément est unique », décrit-il.
L’organisation de leur pose a nécessité un énorme travail de préparation afin de permettre d’optimiser le cadencement et assurer leur mise en œuvre avec la sécurité associée qui s’impose.
Les premiers de série ont été lancés en juillet 2019 et posés dès octobre, étage par étage, en descendant. Un mois nous a été nécessaire à chaque fois pour lancer la transformation matière de deux niveaux de balcons. Ces derniers sont arrivés finis en usine. Leur réalisation a nécessité l’intervention de dix fournisseurs différents (bois, métal, acoustique, garde-corps, etc.) ; ils ont été assemblés par l’entreprise Jouneau (Gironde). Equipés en sous-faces de BA18 feu et recouverts par des panneaux de bois, les balcons ont été conçus pour éviter la propagation du feu entre les niveaux.
La tour Hypérion est au cœur d’un ensemble composé de quatre bâtiments qui totalisent 176 logements (en accession libre, maîtrisé et locatif social), un parking de 151 places et un bâtiment de bureaux. Les livraisons ont démarré et seront achevées en totalité mi-juin.
Fiche technique
Maître d’ouvrage/promoteur : Eiffage Immobilier Sud-Ouest (mandataire), Clairsienne et Atlantic Aménagement
Assistant maître d’ouvrage : Woodeum
Maître d’œuvre : Viguier Architecture
Aménageur : EPA Bordeaux Euratlantique.
Constructeur : Eiffage Construction Nord Aquitaine
Entreprises : Piveteau, Terrell, Setec, Cetab Ingénierie, Aïda Acoustique, Efectis, Vucaneo, Socotec, Savare
Coûts travaux : 30 millions d’euros pour l’opération globale (5 millions d’euros pour les bureaux, 10 millions d’euros pour les logements béton et parking et 15 millions d’euros pour la tour)