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La Fabrique de terre crue de Sevran entrera bientôt en production

Les travaux du bâtiment qui accueillera la production de matériaux en terre crue issue des déblais du Grand Paris s’achèvent.

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A Sevran (Seine-Saint-Denis), la production de blocs de terre comprimée, de panneaux extrudés et d'enduits en terre crue issus des déblais du Grand Paris Express sera bientôt lancée. Baptisée La Fabrique, l'usine de 2200 m² est actuellement en cours de construction. Les travaux doivent s'achever fin juillet.

Elle occupe la totalité d’un terrain situé en milieu urbain dense. « Sevran est emblématique de la désindustrialisation, avec les conséquences de pauvreté que ça implique. Ce projet va nous permettre de renouer avec un passé industriel pour démontrer qu’il est possible d'implanter un site de production en cœur de ville », explique Stéphane Blanchet, maire de Sevran. « Il s’inscrit d’ailleurs parfaitement dans le Plan de relance, en réconciliant écologie avec économie », insiste le maire.

Ateliers en structure bois

« L’échelle du bâtiment est rompue par la subdivision de celui-ci en quatre grandes halles, qui rappellent le vocabulaire des ateliers », explique Paul Emmanuel  Loiret, architecte associé de l’agence Joly & Loiret, en charge du chantier, et président de la société coopérative d’intérêt collectif (Scic) Cycle Terre.

Haut de 50 cm, son soubassement protège l'ossature en épicéa des remontées d’eau. Des dalles en béton seront coulées au sol tandis qu’à l’étage, qui accueillera une mezzanine, des bureaux, un laboratoire et des vestiaires, des caissons de plancher de 10 m x 2 m x 50 cm remplis de bottes de pailles pour l'isolation acoustique et thermique sont mis en place. Un faux plafond en bac acier perforé et isolé permettra de traiter l’acoustique. Il sera surmonté d’un plenum et d’une toiture en bac acier ou en onduline transparente pour des apports de lumière naturelle et pour chauffer naturellement le plénum de la salle de production.

La terre crue ne sera employée qu’avec parcimonie, « puisque la production n’a pas encore été lancée », explique l’architecte. Des blocs de terre comprimée seront toutefois mis en œuvre sur toute la longueur de la cloison séparant la zone de production de la zone de chargement, soit un mur de 20 m x 3 m de haut environ sur 15 cm d’épaisseur. Ils seront imbriqués dans la structure, tenus en tête et en pied par des calages. « L’utilisation de la terre permettra de répondre à des contraintes acoustiques élevées », insiste Silvia Devescovi, cheffe de projet Cycle Terre au pôle urbain de la ville de Sevran. Des enduits pourront également être mis en œuvre sur les parois de la cage d’ascenseur, par exemple.

Production des terres

Lorsque la production démarrera, les terres, préparées et séchées à Beaujour, à 5 km de là, arriveront à la Fabrique par camion. Elles seront stockées selon leur granulométrie, au côté de fibres naturelles utilisées notamment dans les enduits. Le matériau sera ensuite reformulé au sol, déposé dans une centrale à béton adaptée, avant de passer par l'une des trois lignes de production. Une fois finis, les enduits et mortiers seront mis en sac, les blocs de terre comprimée d’une dimension standard de 10 x 15 x 30 cm pour un poids de 9 kg seront stockés sur de grands rails et les panneaux extrudés de 60 x 120 x 2 cm, en terre allégée avec du chanvre ou de la paille, sécheront dans un tunnel de 30 m de long. « L’air chaud sera extrait du plénum créé sous la toiture translucide. Ce vide sera ainsi chauffé par de l’énergie solaire puis l’air chaud sera injecté par des ventilateurs dans le tunnel. L’humidité excédentaire sera rejetée à l’extérieur », détaille l’architecte. Une fois secs, les produits finis pourront être embarqués dans des camions.

Une fois les machines et les lignes de production installées, la fabrication devrait démarrer début septembre et les premiers blocs de terre comprimée sortir de l’atelier fin octobre-début novembre. Dans sa configuration actuelle, la Fabrique produira 9 000 t de matériaux chaque année, dont 600 000 blocs de terre comprimée.

« Le coût de construction restera légèrement plus élevé qu'avec un matériau traditionnel, puisqu'une brique de terre coûtera 1,35 euros. Mais ceci est notamment lié à la méconnaissance de ce matériau par les entreprises, qui de fait ont du mal à évaluer les modalités de mise en œuvre. C’est pourquoi nous proposons des formations qui vont permettre d’améliorer les coûts », explique Ludovic Boespflug, directeur général adjoint au pôle ensemblier urbain du groupe Quartus, maître d’ouvrage de l’opération, qui espère intensifier la production d’ici 2 ou 3 ans. Pour Silvia Devescovi, « les volumes produits pourront augmenter notamment par la mobilisation d'un espace de stockage complémentaire et ce, dès que le niveau de commande attendu dépassera les prévisions actuelles ».

Fiche technique :
Maîtrise d’ouvrage : Quartus
Maîtrise d’œuvre : Joly & Loiret architectes
Entreprises principales : Alric (gros œuvre), Houot (charpente), Cruard (bardage et couverture), Apij Bat (terre crue)
Coût des travaux : 2,6 M€

Cette visite de chantier a été organisée par l’association Architecture et maîtres d’ouvrages (AMO).

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