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Corsaire du post-carbone, Arep s’empare de la gare maritime de Saint-Malo

En 2026, le terminal des ferries du port breton aura été totalement reconfiguré selon les principes de la démarche de durabilité développée par l’agence d’architecture des gares. Un nouveau bâtiment voyageur mais aussi tout le site alentour seront plus accueillants, plus flexibles et plus sobres en matière comme en énergie.

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Sur Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, flotte le pavillon de «Premier port passagers de Bretagne». Ses quais sont fréquentés par plus d’un million de voyageurs par an, dont quelque 750 000 rallient ou reviennent de Porsmouth, au Royaume-Uni, ou des îles anglo-normandes, en passant par le terminal des ferries de la presqu’île du Naye. «Ce site est prodigieux. Face à la mer, entre la presqu’île de de la ville intramuros et celle d’Alet, il est à la fois urbain et naturel», souligne Fabienne Couvert, directrice déléguée à l’architecture chez Arep.

L’agence, filiale de Gares et Connexions, rompue à l’exercice de l’aménagement des terminaux ferroviaires, va en effet s’essayer là à une nouvelle tâche. En 2020, le groupement dont elle est mandataire a été déclaré lauréat du concours lancé par la Région Bretagne pour transformer l’ensemble de cet espace, soit 7 ha entre la ville corsaire, le grand large et les bassins intérieurs.

Porte d'entrée

Si elle est en effet prodigieusement située, cette infrastructure est cependant un lieu marqué par l’activité logistique. Le terminal accueille les voyageurs sur une grande galette d’asphalte recuite par les éléments et recouverte d’une marée de voitures en périodes de pic de fréquentation. Et au beau milieu de tout cela, se dresse le bâtiment obsolète de l’actuelle gare maritime. «Nous devions en changer la configuration tout en assurant la pérennité de l’ensemble des fonctionnalités», note Fabienne Couvert qui présente, pour la première fois, les intentions du projet établi par Arep en collaboration avec le jeune architecte Jean-François Madec, les paysagistes de Lalu et bureau d’études Egis.

Pour rendre la plateforme portuaire le plus flexible possible, l'équipe de maîtrise d'œuvre a d’abord décidé de renvoyer le bâtiment voyageurs à l’arrière du périmètre, sur la frange est par laquelle le public accède déjà au site. La pointe de la presqu’île dès lors entièrement dégagée, pourra accueillir à la fois le parc de stationnement des voitures de voyageurs qui souhaitent faire leur traversée à pied que les zones d’attente des véhicules qui attendent d’embarquer. Les limites de ces différentes zones pourront être modulées à l’avenir, au gré des évolutions du trafic.

Ce nouveau positionnement du bâtiment de la gare lui permettra de véritablement accueillir les voyageurs. En étirant ses 7 300 m² le long de la chaussée Eric-Tarbaly, l’édifice formera une véritable porte d’entrée pour le terminal. Pas question cependant d’en faire un de ces bâtiments «signal» qui servent autant la renommée des architectes que la stratégie marketing des territoires. «La proximité avec les remparts a suscité l’attention accrue de l’architecte des bâtiments de France (ABF) en particulier sur le gabarit du bâtiment, poursuit Fabienne Couvert. Il y avait un équilibre subtil à trouver pour qu’il soit à la fois humble et visible

Vestiges du fort

Depuis la promenade des remparts, le passant pourra essentiellement observer un grand toit formant un angle aux lignes brisées. Cette silhouette permettra au bâtiment de venir embrasser, mais sans y toucher, des vestiges du fort du Naye, datant du XIXe siècle. Premier édifice qui sera construit par Arep depuis que, sous la houlette du président de son directoire Raphaël Ménard, l’agence a établi sa philosophie post-carbone, le projet coche, du sol à la toiture, tous les objectifs listés sous la formule EMC2B (pour : énergie, matière, carbone, climats et biodiversité).

«Son toit présentera des ouïes, comme des mini-sheds, qui permettront d’amener de la lumière naturelle à l’intérieur mais participeront aussi à la ventilation naturelle, détaille Fabienne Couvert. Ce sera également un élément productif puisque les pentes des ouïes seront équipées de panneaux photovoltaïques.» Côté système constructif, alors que les études sont encore en cours, le projet se fonde sur un recours réduit au strict nécessaire du béton et du métal. Il mettra en œuvre au maximum des matières biosourcées et locales, «c’est-à-dire que nous aurons trouvées dans un rayon de 100 km au plus», précise l’architecte.

Certains matériaux pourront même être des éléments récupérés lors des démolitions qui seront menées sur le site, et réemployés. Ainsi, le bâtiment sera finalement constitué d’un socle en pierre et d’une structure supérieure en bois. Construit en poteaux-poutres, il pourra lui aussi évoluer avec le temps. Enfin, très ouvert, il permettra, depuis la salle d’embarquement situé à l’étage, de porter le regard vers la mer, la ville intramuros ou vers les bassins à flot intérieurs.

Interface terre/mer

Pour permettre aux voyageurs à pied d’accéder confortablement aux navires, le bâtiment sera prolongé par une grande coursive couverte. Elle les acheminera, sur une centaine de mètres, jusqu’à la passerelle d’embarquement du premier des deux postes d’accostage de ferries. A ce stade, les détails de l’interface gare maritime/espace maritime restent toutefois à affiner. En effet, si qu’Arep doit mener, d’ici à 2026 et en site occupé, le chantier de transformation de la première, pour un budget estimé à 27, 5 millions d’eurosHT, les travaux concernant les infrastructures portuaires sont, eux, placés sous la maîtrise d’œuvre d’Artélia.

C’est donc bien à Arep qu'il revient de retraiter chaque m² de la plateforme terrestre, «qu’il s’agisse, indique Fabienne Couvert, de simple travaux de peinture au sol jusqu’à des interventions plus en profondeur», notamment pour permettre une végétalisation du site.

Végétation étoffée

Si l’usage du site ne permet pas de le désimperméabiliser en intégralité, l’enrobé sera ainsi retravaillé pour être éclairci. Augmenter son albédo aidera à lutter contre la formation d’îlots de chaleur. Quant à la végétation, déjà présente notamment autour de l’ancien fort, le projet vise à l’étoffer pour la disséminer partout où cela est possible, à commencer par l’entrée même du site.

L’espace devant le futur bâtiment voyageur sera aménagé en un vaste parvis planté, sur lequel donnera la terrasse d’un café. Cet établissement ainsi que le restaurant qui sera créé à l’étage profiteront aux voyageurs mais aussi aux Malouins et aux touristes de la ville. Ils doivent participer à faire de la gare maritime une destination en soi. Pour Fabienne Couvert, le projet vise ainsi à donner à l’équipement «toute sa place de bâtiment public».

FICHE TECHNIQUE


Maîtrise d’ouvrage : Région Bretagne, maîtrise d’ouvrage déléguée : SemBreizh.

Groupement de maîtrise d’œuvre : Arep Architectes, architecte mandataire ; Madec Architectures, architecte associé ; Lalu, paysagiste ; Arep, économie, VRD, études de flux, insertion urbaine et pôle d’échange, stratégie environnementale et EMC2B, réemploi, signalétique ; Egis, BET structure, fluides, thermique, clos couvert ; Atixis, système de sécurité incendie.

Emprise de projet : 7 ha.

Calendrier : résultat du concours : 2020 ; demande de permis de construire : fin 2022; achèvement : 2026.

Coût des travaux : 27,5 M€ HT.

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