A Marseille, le promoteur Redman construit un campus avec de la terre crue

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Le renouvellement du quartier de la gare Saint-Charles à Marseille se poursuit : notamment, avec la pose, le 23 avril, du premier bloc de terre crue comprimée qui remplira la structure porteuse du futur campus du groupe Omnes Education, érigé en proue de la place Marceau, à quelques mètres de la porte d’Aix.

Se développant sur 6 250 m2 SP, il occupera l’avant-dernier foncier disponible de la ZAC Saint-Charles aménagée par l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée (Epaem). L’établissement d’enseignement supérieur, qui accueillera 2 600 étudiants à la rentrée 2026, « s’inscrit dans une démarche globale de création d’un pôle étudiant autour de la gare Saint-Charles », a rappelé Laure-Agnès Caradec, présidente de l'établissement. Le campus rejoindra d’ailleurs l’Institut méditerranéen de la Ville et des territoires livré récemment.

Conçu par l’agence marseillaise AT Architectes et porté par le promoteur Redman qui l’a vendu en bloc à la banque Cepac, le futur campus a pour autre vertu de régénérer une parcelle étroite de 1 800 m2. A l’angle de deux rues et jouxtant, d’un côté, un hôtel de l’enseigne japonaise Toyoko Inn, et de l’autre, des immeubles de faubourg du XIXe siècle, il terminera l’aménagement de la rue Camille-Pelletan, prolongement de l’axe historique nord-sud de la cité phocéenne. Sa trame régulière, alternance d’ouvertures et de pleins, reprend d’ailleurs celle du « trois fenêtres marseillais ». De même, son épannelage progressif (de R+5 à R+7) et sa volumétrie en gradins ont été étudiés pour réussir son insertion dans le tissu urbain.

Livraison en juin 2026

Pour ce projet structurant, l’Epaem a poussé les curseurs très loin. Il avait ainsi imposé un procédé développé par le groupe Saint-Gobain d’ossature bois avec remplissage en terre. « A la fin des études, alors que le dossier de consultation des entreprises était prêt à partir, nous décidons d’abandonner faute de temps suffisant pour obtenir l’Atex », raconte Henri Grenon, directeur du développement chez Redman. La marge de manœuvre était en effet faible avec une date de livraison fixée en juin 2026. Le principe d’une structure poteaux-poutres en béton bouchardé préfabriqué avec des parois de remplissage en terre demeure cependant. « La partie terre était non porteuse. Cela a permis les évolutions techniques », poursuit l’architecte Céline Teddé d’AT Architectes.

Préfabrication

Après la recherche de spécialistes, le choix se porte sur l’entreprise niçoise Filiater qui a mis au point une machine de fabrication de blocs en comprimant de la terre crue. « Compte tenu de l’étroitesse du site, il était impossible de réaliser l’opération sur le site du chantier. Filiater fabrique ainsi les blocs en utilisant de la terre excavée dans la ZAC Vallon-Régny au sud de Marseille », précise Céline Teddé. En tout, l’entreprise GT Construction va poser 1 500 blocs de terre fournis par Filiater à partir de 400 tonnes de déblais. La configuration de la parcelle, sa situation en entrée de ville au bord d’axes très passants, tout comme la volonté du maître d’ouvrage de limiter les nuisances avec un chantier sec, ont imposé le même principe de préfabrication et de montage sur site pour les éléments en béton.

Anticiper la RE 2028

Avantage du procédé quasi-industriel mis au point par Filiater : « Il permet de tenir la cadence. De plus, nous utilisons de la terre déjà excavée. Donc, l’énergie pour l’extraire a déjà été dépensée », poursuit Jérôme Apack, architecte associé chez AT Architectes, qui se réjouit « d’une vraie expérience pédagogique où chacun, entreprises, bureaux d’études, architectes, maître d’ouvrage apprend en faisant ».

La conception bioclimatique, le recours aux matériaux biosourcés (menuiseries en bois, isolation en fibre de bois, etc.), les toitures végétalisées, les besoins en chauffage et rafraîchissement du campus assurés par le réseau de géothermie marine Thassalia avec en complément des panneaux photovoltaïques, permettent au maître d’ouvrage de viser le niveau or de la démarche bâtiment durable méditerranéen et d’anticiper la RE 2028.