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A la Cité internationale universitaire de Paris, dans le XIVe arrondissement, la Tunisie avait déjà sa maison depuis 1953. Mais depuis septembre, le pays peut accueillir ses étudiants dans un deuxième édifice, le pavillon Habib Bourguiba, qui dresse sa silhouette singulière au sud du campus.
Dans la tradition des maisons de pays qui sont venues occuper petit à petit le grand parc de la cité, à partir des années 1920, le bâtiment affirme son identité arabe. Ce volume curviligne, situé au ras du boulevard périphérique, est en effet habillé de motifs en aluminium brut, créés sur la base d’un lettrage arabo-musulman.
« un bâtiment très simple »
Cette double-peau graphique a été composée à partir de caractères peints de l’artiste calligraphe tunisien Shoof et adaptés ensuite par le designer Wissem Soussi pour le compte de la galerie Itinérrance. Avec ces 1892 lettres de métal perforé qui gomment tout ce qui se trouve à l’arrière, le pavillon paraît très énigmatique, «alors qu’il s’agit d’un bâtiment très simple, en béton», remarque l’architecte Claudia Trovati, cheffe de projets pour l’agence Explorations, mandataire.
A cette vision abstraite vient s’ajouter le trouble provoqué par un plan faussement symétrique, tout en courbes et contre-courbes. «Cette forme, qui fait tout le projet, est beaucoup plus pragmatique qu’elle n’en a l’air, assure cependant Benoît Le Thierry d’Ennequin, architecte associé chez Explorations. La parcelle était très contrainte et notre bâtiment en touche toutes les limites. Par ailleurs, ce plan est celui qui nous permettait de mettre le plus grand nombre de chambres par étages.»
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Alors que le bâtiment propose 199 unités de logement, l’accent a été mis sur la vie collective. Ainsi, à la demande de la maîtrise d’ouvrage, les chambres ne sont pas équipées de kitchenettes. En revanche, au premier étage de la résidence, une grande cuisine commune et une salle à manger de 80 places sont à disposition des locataires, ainsi qu’un immense atrium où ils pourront se réunir. Il n’était pas prévu au programme mais «à plier de la sorte le bâtiment, nous avons réussi à ménager ce grand espace commun», explique Benoît Le Thierry d’Ennequin. Un lieu théâtral, ceint du grand ruban de métal blanc qui borde les escaliers et les coursives.
FICHE TECHNIQUE
Maîtrise d’ouvrage : Fondation de la Maison de la Tunisie ; OskaProd, AMO.
Maîtrise d’œuvre : Explorations Architecture, architecte mandataire ; Lamine Ben Hibet, architecte co-traitant ; Shoof et Galerie Itinérrance, direction artistique ; BET : OTE et Otélio.
Surface : 6 300 m² SP.
Coût travaux : 16,6 M€ HT.
Entreprises : Eiffage construction habitat, mandataire, Viry-Fayat, co-traitant lots façade et verrière.