C’est un pas significatif que vient de faire Eurovia. La filiale de Vinci a annoncé son implantation en Inde par l’acquisition de NAPC, entreprise indienne de construction et travaux publics, basée à Chennai dans l’état du Tamil Nadu. Dans cette zone, cinquième région économique indienne, NAPC revendique la place de numéro un dans les travaux de construction routière, de terrassement et de génie civil, ainsi que l’aménagement de zones industrielles et de plates-formes aéroportuaires. Créée il y a 60 ans, la société a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires d’environ 100 millions d’euros.
20 km à construire par jour
Dans un communiqué, Vinci souligne que «par cette acquisition, Eurovia […] prend position en Inde, où ses marchés présentent des perspectives de croissance intéressantes, liées au dynamisme économique du pays». Mais la filiale de Vinci avait préalablement «testé» le marché. Début 2010, elle avait entamé une coopération avec le groupe indien Hinduja pour développer une activité de construction routière et Vinci Concessions avait noué un partenariat avec HCC Concessions, se disant alors prêt à répondre à plusieurs appels d'offres de concessions autoroutières.
En janvier 2010, Kamal Nath, ministre indien des transports routiers et des autoroutes, était venu encourager les entreprises françaises à participer au gigantesque programme de développement en cours dans son pays : 7 000 km pour un montant global proche de 1 000 milliards de dollars sur la période 2012-2017. «D’ici à 2015, le rythme de construction atteindra 20 km par jour, avait-il indiqué. Contre 12 aujourd’hui».
Un marché très concurrentiel
Depuis 2000, la part de projets réalisée par des sociétés étrangères n’a cessé de progresser. Il y a un an, l'Autorité indienne des autoroutes (NHAI) relevait qu'une centaine de projets et 3347 km de routes ont été réalisés par des entreprises étrangères provenant surtout d'Asie, d'Iran, de Turquie, de Russie… Mais pour réussir sur le marché indien, l’idéal est d’y être un acteur local. Précisément ce que s’emploie à faire Eurovia et ce qu’a déjà démontré l’ingénieriste Egis. Interrogé en 2010, Vincent Terrasson, directeur des filiales internationales chez Egis, prévenait : «la concurrence est âpre, les prix sont très bas… Et les Indiens ont quelques belles entreprises et ingénieristes qui estiment pouvoir s’en sortir seuls. La réussite d’Egis India (800 collaborateurs) tient de ce que nous sommes implantés depuis 15 ans dans le pays. Nous y sommes un acteur local». Avec NAPC, Eurovia s'offre un acteur local significatif.