Vinci Construction France a été mis en examen en février pour "corruption privée" dans une instruction qui vise également l'ex-gérante de fortune en France de l'ancien émir du Qatar, bénéficiaire présumée, a indiqué vendredi 20 mai le parquet de Nanterre, sollicité par l'AFP.
Un juge d'instruction de Nanterre soupçonne Vinci Construction France d'avoir versé "plusieurs millions d'euros", notamment par l'intermédiaire de ses deux filiales, Petit et GTM Bâtiment, "à une société" appartenant à l'ex-gérante de fortune qatarie, Chadia Clot, explique à l'AFP une source proche de l'enquête.
La contrepartie suspectée : obtenir certaines conventions "telles que la rénovation des salons de l'hôtel Ritz ou encore la réhabilitation de la Samaritaine à Paris", poursuit cette source.
Selon la même source, "plusieurs millions d'euros" auraient été maquillés, entre 2008 et 2016, comme des "soi-disant travaux de décoration dans le cadre de chantiers" facturés par Vinci Construction France.
Vinci Construction France et Petit sont aussi inquiétés pour "complicité de faux et usage de faux en écriture privée".
La femme d'affaires d'origine palestinienne Chadia Clot a dirigé le fonds French Property Management (FPM), dédié aux investissements en France de l'ancien émir qatari, Hamad Ben Khalifa Al-Thani, jusqu'en juin 2017. Elle et son compagnon ont été mis en examen, en janvier dernier, pour "corruption privée passive", soupçonnés d'être les bénéficiaires de cette corruption présumée, a confirmé le parquet de Nanterre. Contacté par l'AFP, l'avocat de Chadia Clot n'a pas souhaité s'exprimer.
Un signalement Tracfin en 2015 avait provoqué l'ouverture d'une enquête préliminaire par le pôle éco-financier du parquet de Nanterre. L'enquête avait ensuite été confiée à un juge d'instruction en 2018.