L’écosystème Darwin, implanté depuis 2009 sur la rive droite de Bordeaux et connu pour son espace de coworking, ses événements et innovations sociales, est un caillou dans la chaussure de (BMA). Les premiers travaux d’aménagement de la ZAC Bastide Nielauraient dû démarrer début 2018, mais des désaccords entre l’aménageur, la métropole et le groupe Evolution, propriétaire de 15 700 m2 sur l’emprise de la ZAC de 34 ha retardent l’échéance et agacent Alain Juppé, maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole. «Sans un soutien constant de la ville, et mon soutien personnel, Darwin n’existerait pas, a rappelé hier Alain Juppé, à l’occasion d’une conférence de presse, nous avons cédé les magasins généraux au groupe Evolution 30 % en dessous du prix, nous avons acheté, en 2012, 1 000 m2 de bureaux pour la création de la pépinière… Darwin s’est développé sur des territoires qu’il ne pouvait pas occuper. Nous leur avons fait bénéficier d’autorisations d’occupation temporaire, que nous avons renouvelées.» La métropole reproche aux Darwiniens leur obstination à occuper 20 300 m2 de foncierqui ne leur appartiennent pas au cœur de la ZAC et dont les travaux auraient dû démarrer. Le groupe Evolution a installé un skate-park et des associations dans deux hangars et créé une ferme urbaine et un village d’accueil d’urgence, à proximité. C’est cet espace qui fait polémique aujourd’hui. «La valeur sociale créée sur le site a des répercussions économiques et attire des entreprises. (…) Nous avons mené une mission d’intérêt général», assénait il y a un an Aurélien Gaucherand, directeur de la vie associative au sein d’Evolution. Les Darwiniens accusaient alors la métropole de vouloir asphyxier le site.
De nouvelles propositions
«L’écosystème Darwin est une chance pour Bordeaux, mais je veux qu’il se développe dans la légalité», a indiqué hier Alain Juppé. Et pour cela, le maire semble faire preuve de bonne volonté: il a proposé aux Darwiniens de racheter à BMA les hangars B17 et B18 actuellement occupés par les activités de l’écosystème pour les leur céder ou s’entendre sur un bail emphytéotique et propose d’intégrer la ferme urbaine à la ZAC, qu’il serait, selon le maire de Bordeaux «raisonnable de déplacer» près de la rue Hortense. Deux arguments qui satisfont les Darwiniens: «L’achat des îlots est une avancée importante, confirme Nathalie Bois-Huyghe, c’est une bonne nouvelle et nous allons y apporter une réponse concrète.» Reste la question de la ferme urbaine que Darwin tient à maintenir à sa place actuelle. Un point qui reste à éclaircir entre les deux parties, mais sur lequel Alain Juppé semble prêt à faire un effort «dans le cadre d’un accord global».
Pour le maire, il est nécessaire que les travaux d’assainissement démarrent sur l’ancien site de la ferme urbaine et des travaux de voirie et de réseaux, allée Cavalière, l’entrée principale du site. «On ne peut pas privatiser une voie publique», rappelle-t-il à l’attention des Darwiniens. L’an dernier, Philippe Barre, fondateur du site, s’était ému de l’annonce de ces travaux: «S’ils démarrent, nous partirons. Entourés de palissades, nous n’attirerons plus les visiteurs et notre modèle économique est basé là-dessus ! Nous ne sommes pas suicidaires», avait-il alors déclaré. Là aussi, la tension est retombée: «Nous voulons une visibilité claire et fiable sur le calendrier, le rythme des travaux… Et nous souhaitons que toutes les alternatives aux travaux lourds soient étudiées. Il s’agit de prendre en compte la réalité de notre Ecosystème. Nous sommes dans des dispositions positives, mais tout le monde doit y mettre du sien», commente Nathalie Bois-Huyhe.
BMA et Bordeaux Métropole invitent les responsables de Darwin à travailler ensemble sur le planning travaux afin de minimiser les impacts sur les activités de l’Ecosystème. Les travaux qui devaient initialement démarrer en juillet, attendront septembre pour laisser le festival Climax se dérouler dans de bonnes conditions du 6 au 9 septembre. Une réunion de médiation fixée au 10 juillet pourrait permettre de boucler le dossier.
Les Magasins généreux se font désirer
Alain Juppé s’est étonné de la longueur du délai d’exécution de la nouvelle opération du groupe Evolution sur les Magasins généraux sud, dont le permis de construire a été délivré il y a sept mois. Le projet appelé «Magasins généreux» porte sur la restructuration de l’ancienne caserne de 8 000 m2 (18 millions d’euros) qui fait face à celle aujourd’hui occupée par les activités de Darwin. Le groupe Evolution prévoit d’y aménager un espace de coworking, des bureaux, restaurants, lieux d’expositions, commerces, une auberge de jeunesse et un pôle éducatif. «La cession a été effective en février et nous avons mis beaucoup d’énergie à tenir bon, mais ça va prendre forme», assure la coprésidente de la fédération des associations des Darwin.