A vos marques, prêts, partez ! Qu'il vende des véhicules, des kebabs, des clés USB, des travaux ou des mètres carrés, tout semble réussir à Adem Beyazit. « Je vois où il existe un marché, je trouve la bonne structure juridique et j'y vais », résume le trentenaire, sourire éclatant et costume élégant. Arrivé en France il y aune quinzaine d'années sans parler un mot de français, il est devenu le patron d'une des plus grosses entreprises de BTP des Hauts-de-France. L'ancien fils à papa est à la fois un gros travailleur et un homme d'affaires hors pair. Formé à la rigueur du demi-fond (800 met 3 000 m), en internat sport études athlétisme intégré quand il était enfant, le coureur multiplie les initiatives en général de façon mûrement réfléchie.
Licence de droit et de gestion. Sauf peut-être fin 2004, quand il décide de quitter la Turquie pour échapper à la discipline de fer imposée par son père. Le créateur de la holding Beyazit, groupe qui intervient dans la région d'Ankara dans les secteurs des concessions automobiles, du bâtiment et de l'hôtellerie en passant par les stations-service, avait prévu un avenir plus rectiligne pour son fils destiné à reprendre une des branches du groupe. Pour cela, début 2004, il confie au tout frais diplômé d'une licence de droit et gestion, la direction d'une de ses concessions.
Cependant, le jeune homme doit loger chez ses parents et n'a pas le droit de sortir le soir. Il décide alors de rejoindre son frère installé en région parisienne. « Je n'ai pas mesuré combien ce serait dur. Je ne pouvais même pas demander une baguette. Mon père ne m'a pas parlé pendant trois ans », relate l'entrepreneur d'une rare ténacité. Le bâtiment est alors le seul secteur où il trouve du travail. « J'avais déjà visité des chantiers avec mon père, mais je n'y avais jamais travaillé comme ouvrier. J'ai dû tout apprendre. Je demandais les plans des travaux pour les étudier le soir et comprendre comment tout fonctionnait. En trois mois, je suis devenu chef de chantier et, neuf mois plus tard, j'étais envoyé pour ouvrir une filiale à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). En 2010, l'entreprise mère était revendue et je suis parti », relate celui qui remet alors à flot un kebab à Boulogne en doublant son chiffre d'affaires entre 2011 et 2012, tout en important en parallèle des clés USB.
« Je n'avais jamais travaillé comme ouvrier sur un chantier, j'ai dû tout apprendre. » Adem Beyazit, P-DG de Maxigroupe
« A cette époque, je me suis séparé de ma femme qui gérait le restaurant. Nous l'avons revendu. J'ai décidé de retourner dans le bâtiment. C'est un secteur où on laisse une trace. C'est une fierté ! » explique-t-il. Dans la foulée, il crée Maxibat 62 dans un garage. En parallèle, il rachète un immeuble insalubre qu'il revendra une fois réhabilité pour en racheter un autre, et ainsi de suite. « La trésorerie, c'est le nerf de la guerre. Pendant cinq ans, je ne me suis reversé qu'un smic et rien d'autre », confie le passionné de droit des sociétés en présentant les différentes ramifications de Maxigroupe et de ses filiales aux statuts parfaitement calibrés.
Rachat. Sa croissance insolente, il la doit à la reprise de deux entreprises plus importantes, dont il était sous-traitant et qu'il connaissait bien. Avant de faire son offre pour la première, Dourdin Bâtiment, il passe la Saint-Sylvestre 2018 seul dans un hôtel en Turquie à éplucher les comptes. « C'était un sacré pari. Il a fallu ensuite convaincre les salariés. Cela a finalement été une réussite. Le CA a triplé en trois ans », se réjouit le fonceur qui, un an après, s'attaquait à NCN, en liquidation judiciaire. Son offre de reprise n'est pas validée par le tribunal ? Qu'importe : il rachète le matériel aux enchères, propose aux salariés de le rejoindre, renégocie les contrats encours avec les clients de NCN et créé COC. Le succès est aussi au rendez-vous.
Aujourd'hui, avec une casquette de promoteur qui s'étoffe considérablement et des projets plein la tête, la course d'Adem Beyazit semble bien loin d'être terminée.