Un peu cabossés après quinze années de navigation sur tous les océans du monde, des conteneurs trouvent une seconde vie à Cambrai (Nord). Les voici recyclés par le bailleur social Clésence (filiale du Groupe Action Logement) pour son nouveau programme de logements accessibles aux personnes à mobilité réduite. Les 15 T1, articulés autour d'un patio central, sont réalisés à partir de ces caisses utilisées pour le transport maritime, qui n'ont rien perdu de leur solidité. L'acier Corten avec lequel elles sont fabriquées présente une résistance à la rouille dix fois plus élevée qu'un acier classique.
« Nous travaillons avec des conteneurs de 40 pieds High Cube, plus hauts que les modèles habituels, afin d’avoir un plafond à 2,6 m après isolation. Assemblés par deux ou trois modules, ils permettent de réaliser des logements de 55 ou 80 m2 », explique Bertrand Ledoux, responsable d'exploitation chez Adeli Eco Habitat, entreprise d'insertion spécialisée dans la construction en conteneurs. A Quarouble, près de Valenciennes, les équipes réalisent les découpes pour les ouvertures, l'étanchéité extérieure (en mousse de polyuréthane projetée de 35 kg/m3 ), l'isolation, le passage des rails et des gaines, la plomberie puis le placage, ainsi qu'une partie de la couverture. Celle-ci est composée d'un sandwich laine de roche-bac acier-laine de roche, étanchéifié par une membrane Derbigum.
Plus rapide et moins cher. « Les conteneurs constituent une structure de gros œuvre déjà en 3D et équipée d'un plancher, ce qui représente un gain de temps considérable. Six mois suffisent pour livrer un logement (quatre mois, en atelier plus deux sur site), contre douze mois pour une construction traditionnelle. Et on peut encore réduire la phase d'aménagement en atelier », précise Bertrand Ledoux. Le gain financier est également important. Avec un prix de 1 380 euros HT/m² hors fondations, le conteneur coûte environ 15 % moins cher (à prestation égale) qu'une construction traditionnelle. A condition que les cours ne s'envolent pas… Depuis le lancement du projet en 2019, la crise du Covid a fait flamber les prix. Le 40-pieds est passé de 2 200 à 4 200 euros.
Pas de quoi décourager Adeli Eco Habitat qui, après avoir enfin décroché la garantie décennale, passe à la phase industrielle. Le partenariat développé avec Clésence porte sur 10 500 m2 de logements à construire en quatre ans, soit l'équivalent de 210 habitations. Déplaçables et réutilisables, celles-ci répondront aux besoins de mobilité des salariés et au manque croissant de logements adaptés pour les personnes âgées ou handicapées.