«Il serait irresponsable de croire que la croissance est repartie pour toujours !» a déclaré le président de la FFB Jacques Chanut, devant 450 dirigeants de toute la France rassemblés à l’occasion du congrès national de la fédération du bâtiment qui se tient les 14 et 15 juin à La Baule. Malgré le temps maussade sur la plus belle baie de France, les entrepreneurs affichaient un optimisme prudent. «La construction de bureau reste dynamique. L’industrie repart alors que c’était des marchés que l’on n’avait plus du tout. Mais nous avons de grosses réserves sur le logement car le ralentissement se confirme» a déclaré Régis Rousseau, président de la FFB des Pays de la Loire.
Taux zéro et zonage Pinel
Ces inquiétudes, les représentants du bâtiment entendent bien les faire partager auprès du ministre de l’Economie Bruno Le Maire, attendu de pied ferme dans l’après-midi. Jacques Chanut devrait mettre en garde le ministre des risques grandissants d’une accentuation de la fracture territoriale par la suppression des prêts à taux zéro qui impacterait gravement le secteur de la maison individuelle déjà en difficulté. Jacques Chanut proposera également au représentant du gouvernement de d’abandonner le zonage Pinel actuel, au profit d’un zonage de projets adapté à la dynamique de chaque territoire. «Ce n’est pas d’un bureau central à Paris qu’on peut détailler les besoins des petites villes. Mais ce n’est pas parce qu’on est incapable de cibler ces besoins de manière fine qu’il faut éradiquer toute forme d’aide dans ces endroits-là» prévenu Jacques Chanut.
TVA et prime Hulot
L’autre crainte des professionnels du bâtiment porte sur la remise en cause de la TVA qui, selon la FFB, «impacterait 27 000 emplois dans le bâtiment». Quant à la prime Hulot ? «Sous couvert de faire passer un crédit d’impôt en prime, ce qui est plutôt une bonne idée, on risque de couper les aides par deux. On ne peut pas avoir un discours très volontariste sur la rénovation énergétique et diviser par deux les aides aux ménages qui veulent faire ces travaux» estime Jacques Chanut.
Apprentissage
Enfin, les professionnels ont abordé la réforme de l’apprentissage. Après avoir rappelé que le bâtiment a accueilli jusqu’à 100 000 apprentis par an, soit 25 % de l’apprentissage en France, Jacques Chanut a vivement critiqué l’idée d’un contrat d’apprentissage de deux ans. «Quand vous avez deux mois de travail devant vous, c’est inimaginable !». Sur la place des régions dans la gestion de l’apprentissage, Jacques Chanut estime «qu’aux côtés des branches, elles doivent pouvoir définir les besoins et apporter les compléments de financements permettant une équité des territoires».
Bruno Le Maire n’apportera pas des réponses immédiates à toutes ces interrogations mais le ministre de l’Economie est tout de même venu avec une bonne nouvelle pour les entrepreneurs en confirmant les avances sur marché à hauteur de 20 %. Une mesure technique importante pour la trésorerie des entreprises demandée depuis longtemps par la FFB.