Une filière paille hachée en création dans la Vienne

C’est un nouveau débouché pour les exploitations céréalières. La coopérative Ielo travaille sur la création de la première filière française de paille hachée destinée à l’isolation. La production pourrait démarrer d’ici à quelques semaines.

Filière paille hachée dans la Vienne
Filière paille hachée dans la Vienne

Une nouvelle étape a été franchie dans la création d’une filière paille hachée destinée à l’isolation des bâtiments. « Nous venons de valider un ATEx de type B grâce au chantier de réhabilitation thermique du restaurant universitaire Champlain du Crous de Poitiers (Vienne) », se félicite Nicolas Rabuel, directeur général de la coopérative Ielo dont le siège se trouve à Bonneuil-Matours, qui a en charge de structurer cette filière.

Au total, quelque 1 000 m2 de façade ont reçu environ 17 tonnes de paille. La mise en œuvre, effectuée il y a quelques semaines, a duré cinq jours. Elle a été confiée aux équipes de l’entreprise Merlot qui, au préalable, ont dû se former aux techniques d’application ; un passage obligé pour toutes les entreprises qui, dans le futur, souhaiteront acheter de la paille hachée à la coopérative afin d’isoler des bâtiments. « Nous conduirons dans le courant 2023 un second chantier sous ATEx avec l’isolation de la Maison de l’Habitat de Périgueux (Dordogne) », poursuit Nicolas Rabuel, pour qui la paille n’a aucun secret.

En effet, avant d’occuper le poste de DG de la coopérative, il avait en charge la structuration de la filière paille au sein du cluster Construction et Aménagement Durable, Odéys, soutenu par le conseil régional de Nouvelle Aquitaine. C’est là qu’il découvre les avantages de cette matière végétale abondante dans les régions céréalières : « Elle est 100 % compostables, ne contient pas d’additifs, ni de liants synthétiques. Elle est 40 fois plus efficace comme isolant que comme combustible. Enfin, la paille hachée est plus facile à manipuler que des bottes de paille ». Le procédé pour remplir les parois est assez simple : la matière première est versée dans une machine qui l’amène dans une buse, laquelle insuffle la paille dans les parois en ossature bois ou panneaux de plâtre : « Dans l’avenir, nous pourrons appliquer le produit aux parois horizontales et combles, mais pour le moment, on se limite aux murs verticaux ».

Un modèle à dupliquer

Pour fonctionner, Ielo s’est associée à la coopérative céréalière de la Tricherie qui compte 300 adhérents exploitants agricoles. « Des architectes, maîtres d’œuvre et entreprises sont intéressés par le procédé et ont décidé de nous rejoindre en devenant sociétaires de la coopérative », se réjouit le directeur. Si la filière monte doucement en puissance, la production industrielle ne démarrera pas avant la fin janvier, voire le début février, et devrait atteindre à terme 10 000 tonnes de paille hachée par an destinées à un rayon d’intervention de quelque 250 kilomètres. En effet, Nicolas Rabuel souhaite inscrire cette filière dans un circuit court. L’objectif pour Ielo sera donc de dupliquer son modèle dans les territoires intéressés : « Nous commençons à échanger avec d’autres acteurs qui souhaitent s’investir dans la création d’une unité de production sur leur secteur. Mais auparavant, nous devons avoir un retour sur l’unité de la Vienne et son fonctionnement », conclut le directeur général qui signale que la coopérative a déjà engagé 1,5 M€ pour s’équiper en matériel et obtenir les premières certifications techniques.

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