Deux millions, c’est, selon l’Insee, le nombre d’habitants supplémentaires que devront accueillir les régions Pays de la Loire, Bretagne, Centre et Basse-Normandie d’ici à 2040. Si l’on ajoute un début de reprise de l’activité économique encouragé par plusieurs gros chantiers structurants comme la LGV Bretagne/Pays de la Loire ou l’aéroport Notre-Dame-des-Landes, les perspectives semblent favorables. Pourtant, les professionnels sont inquiets. « C’est la première fois que l’on a un tel manque de visibilité », déclare Gérard Pager, secrétaire général de la FRTP Bretagne.
Devant les incertitudes qui pèsent sur leur volet « Recettes », les collectivités locales hésitent à s’engager clairement. Les raisons peuvent être politiques (les pouvoirs locaux sont majoritairement à gauche), mais surtout financières du fait d’un manque réel de visibilité. « Nous avons fait le choix de retarder le vote de notre budget en avril afin de garantir le juste équilibre de nos recettes, de nos dépenses et de nos investissements », explique Jean-Marc Ayrault, président de Nantes Métropole. Sa voisine Rennes Métropole vient toutefois de boucler son budget primitif (à 445,5 millions d’euros, 2,3 %). « Nous avons décalé le vote d’un mois, car la situation est totalement inédite », reconnaît Jean-Luc Chenut, vice-président de Rennes Métropole délégué aux Finances.
La situation est encore plus délicate pour les conseils généraux qui ont carrément du mal à boucler leurs budgets, y compris dans les départements « riches », comme la Loire-Atlantique. Les investissements routiers sont réduits dans le Finistère (voir encadré), le Maine-et-Loire, la Sarthe, ou le Morbihan (- 16,5 %). Les régions s’en sortent mieux à l’image du Centre (voir encadré) ou des Pays de la Loire qui ont voté leur budget le 28 janvier (1,4 milliard d’euros, 0,8 %). « Malgré la réduction de nos marges de manœuvre, nous avons fait le choix de reconduire un niveau d’effort historique à plus de 2,8 milliards d’euros d’investissements structurants sur la période 2011-2016 », se félicite Jacques Auxiette, président de la région. De son côté, Jean-Marc Ayrault souhaite réfléchir en 2012 à un projet autour de la place de l’Etat et des collectivités locales. « Nous ne pouvons plus continuer à dire en permanence que l’Etat se désengage. Les collectivités locales doivent être reconnues dans leurs missions et passer un pacte de confiance avec l’Etat », indique l’élu nantais.
