Caen perd des résidents. Environ un millier par an. Sa population s’établit aujourd’hui à 109 000 habitants (222 000 pour l’agglomération). « Il faut tout mettre en œuvre pour ne pas passer sous la barre des 100 000, ce qui entraînerait un décrochage », explique Xavier Le Coutour, adjoint au maire en charge de l’urbanisme, du logement et du renouvellement urbain.
Pourtant, Caen reste attractive. Son dynamisme économique ne se dément pas, avec un solde positif de 1 500 à 2 000 emplois par an. C’est au niveau de la production de logements que le bât blesse. Et cette crise n’est pas un phénomène récent. Depuis le milieu des années 1990, le rythme de la construction sur l’agglomération ne cesse de ralentir : de 2 000 logements par an on est passé à moins de 1 000. Résultat : Caen la mer affiche à ce jour un déficit de 9 000 logements sociaux. Tandis que les travaux d’élaboration du Scot de Caen Métropole font apparaître un besoin de 50 000 nouveaux logements à horizon vingt ans sur ce territoire allant du Bessin au Pays d’Auge, sans quoi son équilibre pourrait être mis en péril.
8 000 logements dans les 5 ans
« On a pris du retard parce qu’on ne s’est pas donné les outils, souligne le député maire Philippe Duron. Caen n’a pas de PLU. Ce vide sera comblé en 2012. » Mais d’autres raisons peuvent être invoquées : une constitution insuffisante de réserves foncières ; des objectifs du PLH inégalement intégrés aux POS ou aux PLU des 29 communes de l’agglomération ; des services techniques limités à l’échelle des communes pour la plupart de petite taille ; ou encore la jeunesse d’une communauté d’agglomération disposant de peu de moyens en matière d’aménagement. Autant d’éléments qui ont contribué à faire de Caen l’un des marchés immobiliers les plus tendus de France avec des loyers se situant autour de 12 euros par m2 et un prix moyen du collectif neuf dépassant désormais les 3 300 euros par m2 (contre 2 150 euros par m2 en 2004). Il en résulte une diffusion de plus en plus lointaine de l’habitat en aire urbaine, où le poids du pavillon individuel est désormais prépondérant (67 %).
Le nouveau plan local de l’habitat (PLH) de Caen la mer 2010-2015 s’inscrit donc naturellement autour de l’objectif majeur de préserver une taille démographique critique sur l’agglomération. Un chiffre résume à lui seul le changement de braquet opéré pour atteindre cet objectif : la charge nette du PLH 2010-2015 a été fixée à 33,37 millions d’euros, quand celle du PLH précédent dépassait à peine les 11 millions d’euros. « Notre objectif est de construire 8 000 logements dans les cinq prochaines années », indique Xavier Le Coutour. Dans ce budget, l’investissement foncier est multiplié par quatre, « afin de préparer déjà le PLH suivant », précise l’élu.
Conférence intercommunale
Le conseil communautaire entend par ailleurs mettre en œuvre une politique de l’habitat qui adapte l’offre à la demande et initier une nouvelle gouvernance à travers des dispositifs facilitant l’action publique : pilotage et suivi du PLH autour d’une conférence intercommunale du logement et mise en place d’une ingénierie technique auprès des communes.
