Seuls trois spécimens ont été exhumés en 150 ans. C’est en cela que la découverte de ce qui est probablement un Mammuthus primigenius, c’est-à-dire un mammouth laineux, est exceptionnelle. Mais c’est aussi parce que l’association de l’homme et du mammouth n’est avérée que sur deux sites du Paléolithique moyen en Europe de l’Ouest, situés en Allemagne. En effet, Le mammouth de Changis-sur-Marne (Seine-et-Marne) aurait vécu entre 200 000 et 50 000 ans avant notre ère. C’est un contemporain de l’Homme de Néandertal. Bien acclimaté aux régions froides, le mammouth a disparu d’Europe occidentale il y a 10 000 ans, à la suite du réchauffement climatique. Le dernier spécimen s’éteignant au large du détroit de Béring il y a 3 700 ans.
Première fouille de ce genre en France
L’animal a été découvert dans une carrière exploité par Cemex, à l’occasion de la fouille préventive d’un site artisanal gallo-romain. Les premiers ossements sont apparus dans le front de taille de la carrière. Face à l’intérêt de la découverte, la direction régionale des Affaires culturelles (Drac) d’Île-de-France a mis en place une opération de sauvetage, menée conjointement par la Drac et l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), avec la collaboration du Muséum national d’Histoire naturelle à Paris, du laboratoire de Géographie physique du CNRS de Meudon et du groupe Cemex. Il s’agit de la première fouille scientifique de ce genre en France. Elle s’achève début novembre.
Comment est-il mort ?
L’une des caractéristiques de ce mammouth ce sont ses longues défenses utilisées pour dégager le fourrage de sa gangue de neige. Pouvant atteindre 2,80 à 3,40 mètres au garrot, il est recouvert de poils et d’une épaisse couche de graisse. La fouille actuelle permettra de préciser son âge et, peut-être, les circonstances de son décès : noyade ou envasement sur quelque berge de la Marne, chasse, voire charognage par des prédateurs ? La découverte d’un éclat de silex, en relation directe avec le pachyderme, montre l’intervention de l’homme sur la carcasse. Dans un proche avenir, archéologues et paléontologues devront comprendre si le mammouth de Changis a été abattu par des Néandertaliens, ou si ces derniers ont charogné l’animal après un décès naturel. Cette découverte contribuera au débat qui anime la communauté scientifique autour de la capacité prédatrice des Néandertaliens. L’ultime enjeu porte sur la datation précise de l’événement.