Bertrand Avril, vice-président de l'association Architecture et maîtres d'ouvrage (AMO), par ailleurs directeur du développement du groupe George V, nous adresse sa contribution au débat sur l'implantation d'un centre de promotion et de diffusion de l'architecture sur le site de l'Ecole des Beaux-Arts de Paris.
Une solution qui a été déjà maintes fois évoquée, sans toutefois donner lieu, du moins à notre connaissance, à des réflexions plus poussées.
Le site historique des Beaux-Arts, dans l'îlot encadré par le quai Malaquais et la rue Bonaparte, est aujourd'hui en bien mauvais état (...). Son terrain de près de 2 hectares, offrant un dédale pittoresque à travers des paysages et architectures variés, procure une certaine impression de vacuité, voire d'abandon. (...)
L'Ecole nationale supérieure des Beaux Arts avec 500 étudiants en est aujourd'hui l'occupant principal (et de droit). Deux écoles d'architecture, Paris La Seine et Paris Villemin (1 800 étudiants au total) y sont également en partie installées mais dans des conditions insatisfaisantes et dans la précarité parce que sous la menace de leur transfert, voire de leur disparition. L'architecture manque à Paris d'un centre pour assurer sa promotion, la diffusion des connaissances et de la recherche, le débat et les échanges avec son environnement (et notamment la maîtrise d'ouvrage et les secteurs de la construction) et des lieux nécessaires à son ouverture et à la coopération avec les écoles et instituts d'architecture étrangers et notamment européens. Le site rénové des Beaux Arts répondrait bien à sa vocation en accueillant de telles fonctions et notamment par l'insertion de l'Institut français d'architecture à la recherche d'une implantation (et aussi d'un nouveau souffle), le développement des moyens d'une grande bibliothèque d'architecture, l'organisation de locaux pour la tenue d'expositions, de débats et pour le traitement et la conservation des archives et fonds de collections... Le devenir des deux écoles d'architecture est également posé dans le cadre de la réforme en cours de l'enseignement et de la nécessaire évolution de la carte des implantations d'écoles en région parisienne. Le problème de la cohabitation sur le site de deux types d'enseignement (Beaux Arts d'un côté, architecture de l'autre) devrait aujourd'hui être facilité par la responsabilité dévolue au seul Ministère de la Culture qui se trouve en outre affectataire unique du site. A terme une école d'architecture (nouvellement créée à partie des deux actuels établissements) pourrait certainement trouver sa place. L'environnement dans lequel l'architecture se produit est aujourd'hui plus éclaté que jamais, la profession d'architecte est en crise profonde et son avenir aussi incertain que menacé. Et pourtant l'architecture joue un rôle majeur dans notre vie quotidienne (...). Elle mérite bien une Maison, un lieu de rayonnement, de promotion, de diffusion comme il en existe dans de nombreux pays. Le site des Beaux Arts peut et doit être mis au service d'un tel projet pour l'architecture. Une ambition nouvelle est nécessaire pour la réorganisation de ce lieu et des bâtiments qui le composent. Seule une telle volonté pourrait mobiliser les énergies et les concours financiers (...). L'engagement d'un projet de rénovation de site des Beaux Arts peut aider à la réunion des talents et des initiatives et servir la promotion de l'architecture. C'est un nouveau chantier qu'il faut aujourd'hui ouvrir.
