La Fédération Cinov, qui représente les métiers de la prestation de services intellectuels du conseil, de l’ingénierie et du numérique, a profité du Salon des maires et des collectivités locales pour présenter la version mise à jour - et surtout digitalisée - de son Guide d’assistance à maîtrise d’ouvrage, rédigé avec l’Union nationale des économistes de la construction (Untec).
En 2019, ce document était né d’un constat, explique Jean-Luc Reinero (Cinov Ergonomie) : « Les missions d’AMO sont souvent mal connues, mal définies ou mal conduites. D’où l’idée de décrire les 52 missions pouvant être utilisées au service des projets », dans l’ordre chronologique d’une opération. Car si l’AMO « se réduisait autrefois souvent à la programmation » rappelle le président de la fédération, Frédéric Lafage, le spectre est aujourd’hui beaucoup plus large, « dans un monde où tout est plus complexe, où les collectivités publiques doivent prendre en compte les transitions écologiques, numériques et sociétales ». La version numérique du guide (https://choisirsonamo.fr/), conçue comme un outil d’aide à la réflexion et à la décision grâce notamment à des menus arborescents, doit « permettre aux élus de s’emparer du sujet. Mais aussi de responsabiliser et professionnaliser la maîtrise d’ouvrage ».
Pour chaque mission, les compétences que le maître d’ouvrage peut aller chercher et le niveau de livrables attendu sont détaillés. Le tout n’est pas figé, la forme numérique permettra son actualisation et enrichissement réguliers. « Il s’agit avant tout de structurer la commande d’AMO, de donner une méthodologie », résume Gérard Pinot, animateur du collège AMO de Cinov.
Se focaliser sur l’usage
Au cœur de ce travail, la conviction que « la maîtrise d’ouvrage ne doit pas se focaliser sur l’objet, mais sur l’usage, souligne Jean-Luc Reinero. Le recours à l’AMO permet une véritable coconstruction des projets avec la maîtrise d’ouvrage et les citoyens, qui sont associés aux réflexions très en amont ». Là où l’assistance à maîtrise d’usage, déplore-t-il, tendrait plutôt « à faire valider par des citoyens des projets prédéfinis ».
Les missions d’études préalables – d’opportunité et de faisabilité – jouent à cet égard un rôle crucial. « Si l’on sait qu’un établissement scolaire n’est occupé que 61 % du temps et un centre aéré encore moins, pourquoi ne pas se tourner vers un AMO pour imaginer un bâtiment multifonctionnel ? », illustre Jean-Luc Reinero. Les compétences très diverses des professionnels, qu’ils soient AMO généralistes ou spécialistes (environnementalistes, acousticiens, restauconcepteurs, ergonomes ou encore urbanistes…) permettent de répondre à des besoins très variés. Ce qui explique que de petites communes, dotées de faibles ressources en ingénierie, aient recours à l’AMO, « mais aussi de très grosses comme Paris, explique Frédéric Lafage, pour venir chercher des expertises très particulières et bénéficier d’un benchmark ».