Le Pakistan et l'Iran ont signé vendredi 22 février 2002 un protocole d'accord pour effectuer une étude de faisabilité préliminaire sur un projet de gazoduc de 2.600 kilomètres qui irait de l'Iran à l'Inde en passant par le Pakistan, selon un communiqué publié à Islamabad.
Le protocole d'accord a été signé, après deux jours de discussions, par le ministre iranien du pétrole, Bijan Namdar-Zangeneh, et le ministre pakistanais du pétrole et des ressources naturelles, Usman Aminuddin, indique le communiqué du gouvernement pakistanais.
Le ministre pakistanais des finances, Shaukat Aziz, a déclaré à M. Namdar-Zangeneh que le gazoduc coûterait environ 4 milliards de dollars et impliquerait un financement complexe.
Le projet "nécessitera des techniques de financement combiné et un rôle majeur d'agences de crédit à l'exportation des pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) ainsi que des institutions financières multilatérales", a déclaré M. Aziz.
Le ministre iranien a indiqué que de nouvelles discussions sur le financement auraient lieu à mesure que le projet avancerait.
Selon le projet, du gaz naturel serait transporté du sud de l'Iran vers le sud du Pakistan par un gazoduc de 1.600 kilomètres, puis vers l'Inde par un autre gazoduc de 1.000 kilomètres.
Le ministre iranien a informé M. Aziz des derniers développements du projet.
"Il a indiqué que plusieurs options étaient examinées, dont celles d'un gazoduc terrestre ou sous-marin, pour lesquelles les nécessaires études préliminaires de faisabilité ont été entamées", selon le communiqué.
M. Aminuddin a déclaré jeudi que le Pakistan fournirait "une aide et une coopération complètes".
De tels plans ont été discutés depuis plus de dix ans, mais des experts ont relevé que les progrès vers leur réalisation avaient été entravés par les problèmes politiques régionaux, particulièrement par l'hostilité entre l'Inde et le Pakistan.
L'Inde et le Pakistan ont massé quelque 800.000 soldats sur leur frontière commune depuis l'attentat du 13 décembre contre le parlement fédéral indien, attribué par New Delhi à deux groupes extrémistes basés au Pakistan.
Par ailleurs, Islamabad et Téhéran ont aussi décidé vendredi de discuter la faisabilité d'une raffinerie de pétrole irano-pakistanaise qui serait construite sur la côte du Pakistan.
Le ministre iranien a déclaré que Téhéran allait également examiner les possibilités de participer à la prospection du pétrole et du gaz au Pakistan.
L'Iran et le Pakistan ont en outre discuté de l'accroissement de la coopération bilatérale dans le secteur du gaz et du pétrole, en particulier les exportations d'essence du Pakistan et les importations de brut et de gazole d'Iran.
Les deux ministres ont décidé de prendre des mesures pour éliminer la contrebande transfrontalière de produits pétroliers, qui entraîne une perte de revenus pour les deux gouvernements.
L'Iran dispose des plus grandes réserves de gaz du monde après la Russie. Il a commencé dernièrement à livrer du gaz naturel à la Turquie, et prévoit d'exporter du gaz vers l'Europe, la Chine et l'Inde dans les prochaines années.
Le Pakistan, pour sa part, examine des projets de pipelines avec le Turkmenistan et le Qatar.
