Selon un rapport remis au préfet de la Région Ile-de-France, quelque 8.000 demandeurs d'asile ou déboutés sont hébergés quotidiennement, sur l'ensemble de la région parisienne, dans des hôtels vétustes et inadaptés, créant ainsi une activité très lucrative.
Publié sur le site internet de la préfecture, cet état des lieux, dont le quotidien Libération donne des extraits jeudi, avait été demandé en février 2004 aux Directions régionales des affaires sanitaires et sociales et de la concurrence, consommation et répression des fraudes.
Il confirme le constat régulièrement dénoncé par les associations : la majorité des hôtels, non classés tourisme, plutôt anciens, en perte d'activité, offrent un accueil médiocre. Les chambres, souvent sur-occupées, sont dotées au minimum d'un lavabo, parfois de douches et WC. Les partis communes sont vétustes et peu entretenues.
Certains occupants y résident depuis plus d'un an, dix dans certains cas, d'où une dégradation des chambres.
Dans la nuit du 12 au 13 janvier 2004, l'enquête a recensé 8.655 personnes à l'hôtel sur l'Ile-de-France, dont 8.107 orientées par des associations parisiennes, notamment Samu social et CAFDA (centre d'accueil des familles demandeuses d'asile).
L'activité est très lucrative pour les hôtels. Le revenu par chambre s'élève en moyenne, tout au long de l'année, à 48 euros par jour, contre 20 pour un hôtel de tourisme sans étoile. L'excédent brut d'exploitation réalisé en moyenne par ces hôtels a été de 42,4% en 2003 contre 16,2% pour l'hôtellerie de tourisme.
Le prix est de 17 euros par personne et par nuit pour les familles, 23 euros pour les personnes isolées, lorsque l'accueil est négocié par le Samu social, mais il peut s'élever à 30 euros pour d'autres associations. La tarification au nombre de personnes et non à la chambre favorise la sur-occupation.
Selon le rapport, un hôtelier qui s'est spécialisé dans ce type d'accueil se trouve, après quelques années, à la tête de 7 établissements de 20 à 40 chambres chacun.