Alors que le Diagnostic de performance énergétique doit permettre, entre 2023 et 2028, d'interdire progressivement à la location les logements les moins bien classés pour inciter à leur rénovation, 60 millions de consommateurs alerte sur l'hétérogénéité des DPE pour un même bienet réclame une meilleure formation des diagnostiqueurs.
Pour son test, réalisé en février et mars 2022, 60 Millions de consommateurs s'est associé aux propriétaires de quatre maisons, à Toulouse, Corbeil-Essonnes, en banlieue de Bordeaux et dans un village de Haute-Garonne. Chaque propriétaire a sollicité cinq diagnostiqueurs différents et le magazine a eu recours en plus à un expert indépendant.
Or, les DPE réalisés comportent "des erreurs en pagaille", souligne Fanny Guibert, cheffe de rubrique au magazine, avec parfois des écarts de deux catégories de l'un à l'autre.
Mauvaises données
Date de construction erronée, nombre de portes ou de fenêtres mal évalué, pompe à chaleur oubliée... "Sur la partie données, les diagnostiqueurs ne font pas un assez bon boulot", a-t-elle jugé.
Depuis juillet 2021, les critères des DPE ont changé et ceux-ci sont désormais opposables, c'est-à-dire qu'il est possible de saisir la justice s'ils comportent des erreurs.
Les changements conséquents qu'avait suscité la réforme dans le classement de certains logements avaient conduit le ministère à y apporter, à l'automne 2021, des corrections à la hâte.
"On a vérifié les dates de formation des diagnostiqueurs qui ont réalisé les DPE, et souvent elles étaient antérieures à la réforme", a noté Virginie Potiron, juriste à 60 Millions de consommateurs.
Le magazine, qui s'est adressé au ministère de la Transition écologique, dont le logement fait partie des attributions, réclame donc une meilleure formation des professionnels.
"Oui, nous avons à mieux normer, à mieux encadrer, d'abord pour qu'il y ait moins de fraude", a répondu la ministre Amélie de Montchalin interrogée à ce sujet sur France Inter. "On a fait un gros travail de normalisation et de contrôle. Et donc sur ce sujet, il faut effectivement qu’il y ait des pratiques beaucoup plus homogènes", a-t-elle ajouté.