L'abbé Pierre est mort et tous les SDF, les miséreux, ceux que l'on appelait en d'autre temps les "damnés de la terre" sont orphelins. Dans quelques jours, la Fondation qui porte son nom devait commémorer – on n'ose dire "fêter" – le 53ème anniversaire du fameux appel du 1er février 1954 qui déclencha "l'insurrection de la bonté".
Il meurt au moment où la cause qu'il a défendu inlassablement franchit un pas décisif: dans quelques jours, les députés de tous bords seront appelés à voter un texte de loi instituant l'opposabilité du droit au logement. Une notion admirable mais qui suscite bien des interrogations sur son applicabilité. L'abbé ne sera plus là pour assister personnellement au débat. Et soutenir par sa seule présence tel ou tel passage du texte, comme on l'a vu faire à propos de l'article 55 de la loi SRU, il y a tout juste un an, fin janvier 2006. Ce fut sa dernière apparition publique forte, destinée à combattre les égoïsmes de ces villes qui trouvent mille bonnes raisons pour ne pas accueillir de logements sociaux.
Car 53 ans après l'appel de l'hiver 2004, rien n'est réglé. Le nombre de logements est insuffisant. Leurs prix trop élevés. Plus que jamais, il faut construire et dégager des logements locatifs dont les prix seront tels qu'ils permettront aux familles modestes de trouver un toit digne de la France du XXIème siècle.
Françoise Vaysse est chef du service économie-entreprises du Moniteur, en charge du logement, de l'immobilier et de la politique de la ville