Transports collectifs en site propre 50 projets régionaux relancent l’activité

Eclipsée par le tapage médiatique relatif au Grand Paris, la liste des lauréats du premier « appel à projets de transport collectif en site propre » (hors Ile-de-France) a été dévoilée le 30 avril. Sur 61 dossiers, 50 émanant de 36 agglomérations (voir tableau ci-contre) bénéficieront d’un soutien financier de l’Etat : deux extensions de lignes de métro, des extensions de lignes de tramways dans les grandes capitales régionales, des lignes nouvelles de tramway, des lignes de bus à haut niveau de service (BHNS) et même un projet de funiculaire à Grasse (Alpes-Maritimes). Au total : 215 kilomètres de tramways et 150 km de BHNS. « Nous allons plus que doubler les capacités de transport collectif dans les années qui viennent », s’est félicité Jean-Louis Borloo, ministre du Développement durable.

Les 50 projets retenus se partagent une enveloppe de subventions de 800 millions d’euros. C’est finalement à peine mieux que les 710 millions prévus à l’origine. Un effort modeste que Roland Ries, président du Gart (Groupement des autorités responsables de transport) et maire de Strasbourg, a tenu néanmoins à saluer : « Nous sommes satisfaits. Satisfaits de l’augmentation de l’enveloppe globale allouée aux projets de TCSP. Satisfaits également de la transparence de la démarche de sélection. » Seul bémol : certains projets ne bénéficient pas de subventions sur la base de l’assiette retenue par l’autorité organisatrice et des taux annoncés dans l’appel à projets. De sorte leurs plans de financement devront être adaptés. Rappelons que les règles du jeu étaient favorables aux entreprises de TP puisque la dépense subventionnable portait uniquement sur l’infrastructure. En étaient exclues les dépenses liées au matériel roulant, aux acquisitions foncières et aux frais de maîtrise d’œuvre et de maîtrise d’ouvrage.

Plaidoyer pour des lots « de façade à façade »

Selon Jean-Louis Borloo, « un tiers des projets retenus peuvent démarrer très vite et, quoi qu’il arrive, tous devront avoir démarré avant fin 2011 ». Du côté des entreprises, ces projets étaient attendus. « J’étais confiant quant à la volonté des donneurs d’ordre de lancer de nouveaux projets ou de compléter leur réseau, assure Guy Vacher, directeur général adjoint d’Eurovia (groupe Vinci). Nous avons d’ailleurs plusieurs études en cours. » S’agissant des calendriers d’exécution, tout dépend de la nature du projet : extension ou création. « Dans un cas, la question des technologies et du matériel roulant est réglée, pas dans l’autre. »

Fort d’une expérience sur une quinzaine de projets, Jean Guénard, président d’Eiffage Travaux publics, appelle les maîtres d’ouvrage à réaliser les dévoiements de réseaux indépendamment des travaux de plate-forme. « La confusion est d’autant plus grande que les concessionnaires de réseaux interviennent avec des règles de marché différentes de celles de la collectivité ! » Les entreprises plaident également pour des lots « de façade à façade ». « Un lot de façade à façade, un maître d’ouvrage unique, une entreprise : inutile de multiplier la complexité », martèle Jean Guénard. Pour la réalisation des travaux, « il faut un responsable de projets habitué à la coordination des grands travaux. Et des équipes rompues aux travaux en milieu urbain, capables de dialogue avec les riverains… Pour Eiffage Travaux publics, la pratique conjointe du génie civil, de la route et de la voie ferrée est un atout. » Un atout que revendiquent également les autres majors.

Clauses d’insertion sociale

Lors de la présentation des résultats de l’appel à projets, de nombreux représentants de collectivités locales ont salué la cohérence de la démarche avec les opérations de rénovation urbaine en cours ou programmées. D’ailleurs, la contribution au désenclavement des quartiers dans le cadre du plan « Espoir banlieues » était l’un des critères prépondérants de l’appel à projets. « Sans mobilité, nous pouvons faire tous les plans banlieue du monde, cela ne servira à rien », a répété Fadela Amara. Et la secrétaire d’Etat chargée de la Politique de la ville d’assurer : « Dans les conventions de financement, je veillerai à ce que figurent des exigences de clauses d’insertion sociale. Pour que ces projets qui contribueront à la relance économique et à l’emploi profitent aussi aux jeunes issus des quartiers. »

Patrick Bernasconi, président de la FNTP, est sceptique : « Les clauses d’insertion sociale sont à manier avec prudence car elles peuvent être très improductives. Mieux vaut capitaliser sur le contrat de professionnalisation. » « L’insertion sociale est un chantier compliqué mais un devoir sociétal pour l’entreprise, ajoute Guy Vacher. Nous avons la volonté d’embaucher des jeunes, de les former ; les stages et l’apprentissage me semblent être de bonnes voies pour le faire. »