TRANSPORT FERROVIAIRE Les retombées économiques régionales du TGV Est

La Champagne-Ardenne pose ses conditions au plan de financement. La Lorraine et l'Alsace misent déjà sur la structuration de leur territoire.

Le 16 février, les présidents des trois régions du Grand Est, traversées par le projet de TGV, Champagne-Ardenne, Lorraine et Alsace, ont exposé, à Paris, les conséquences économiques liées à la réalisation du TGV Est européen, dont le gouvernement a annoncé le plan de financement le 29 janvier dernier (1). « La Champagne-Ardenne a soumis son accord à l'obtention de réponses précises et chiffrées, au cours des prochains mois, à un certain nombre de conditions », a d'emblée indiqué le président de son conseil régional, Jean-Claude Etienne :

la réduction des nuisances sonores dans le sud de l'agglomération rémoise. Six communes sont concernées (2). L'Etat a accepté que le conseil régional et les collectivités concernées assurent la maîtrise d'ouvrage d'études indépendantes quant à l'insertion optimale de la ligne ;

le rattachement, par rames TGV, des gares de Charleville-Mézières, Châlons-en-Champagne, Vitry-le-François et Saint-Dizier à la ligne principale Paris/Strasbourg, au fur et à mesure de la construction le la ligne TGV ;

la réouverture du dossier de modernisation de la ligne Paris/Bâle, via Troyes ; cela afin de favoriser le développement au sud de la région (Aube et Haute-Marne) ;

l'inscription de la Champagne-Ardenne sur la carte du transport de fret entre le nord et le sud de l'Europe, comprenant la desserte du port du Havre et le contournement de Paris pour relier l'Est européen. L'Etat a accepté d'inscrire dans ses réflexions l'ouverture des voies ferrées, depuis Givet, dans les Ardennes, vers la Belgique, des aménagements du port de Givet et ceux des différentes gares de triage de la région (notamment établir une plate-forme bimodale à Chalandry, liée au futur aéroport de Vatry). Dans l'attente de réponses sur ces thèmes, Jean-Claude Etienne a décidé, de ne faire connaître sa position définitive qu'à la mi-juin 1999.

Les régions Alsace et Lorraine se prononceront le 15 avril prochain. Plus confiantes que leur voisine, elles voient déjà les bénéfices du TGV sur l'aménagement du territoire : d'une part, entrer à terme dans le club des « villes à une heure de Paris » (3) et d'autre part, toucher les grandes métropoles d'Allemagne et du nord de l'Europe en deux heures environ.

«Une victoire des politiques sur les technocrates»

« Sur 20,5 milliards de francs de travaux d'infrastructures, le tiers ira directement dans les régions traversées », remarque Gérard Longuet, président de la région Lorraine. Il se félicite, pour sa part, du chantier de l'électrification des lignes de la vallée vosgienne (240 millions de francs à la charge de la Lorraine sur une facture de plus de 600 millions de francs), ainsi que de la prolongation du TGV Est jusqu'à Baudrecourt, qui permet de raccorder le département de la Moselle. De plus, « nous allons tirer parti des expériences des autres TGV pour attirer une activité économique supplémentaire autour des gares, la logistique », poursuit-il.

Comme son voisin, Adrien Zeller, président de la région Alsace et militant de la cause des TER dans le cadre de la régionalisation, Gérard Longuet va « négocier avec la SNCF des engagements pour l'organisation des TER en relation avec le TGV Est ». Deux Lorrains sur trois seront à moins de vingt minutes d'une des dix « gares de ville » prévues.

Quant à Adrien Zeller, il voit, dans la fin du feuilleton financier - les conditions champenoises ne sauraient, aujourd'hui, faire capoter le projet - « une victoire des politiques sur les technocrates. Nous n'avons pas tout obtenu mais le compromis obtenu est satisfaisant ». Le président alsacien a même souligné le rôle « positif » joué par RFF qui, depuis que la Bundesbahn, a annoncé sa réelle volonté de se connecter au TGV, a permis de modifier l'image négative du TGV Est au sein de la SNCF. « La clientèle qui était jusqu'ici captive de l'avion va voir son univers de choix modifié avec la liaison à l'Allemagne. » Sans oublier l'importance de cette liaison pour des villes comme Colmar (qui sera à 2 h 50 de Paris) ou Mulhouse. L'Alsace qui « met » 70 à 80 millions de francs, rien qu'en dépenses de fonctionnement pour ses TER, vise avec l'arrivée du TGV Est une hausse de 30 % de son offre en termes de voyageurs/kilomètres.

(1) Le plan de financement prévoit désormais 815 millions de francs à charge de la Champagne-Ardenne, 1,65 milliard de francs pour la Lorraine et 1,864 milliard pour l'Alsace. (2) Il faudrait baisser le profil en long de la voie sur 200 à 300 mètres car le TGV passera à 15 mètres de certaines habitations. (3) En 2006, les progressions de trafics passagers prévues au départ de Paris sont de 154 % pour l'Alsace, de 36 % pour la Lorraine, contre 3 % pour la Champagne-Ardenne.

PHOTO : Gérard Longuet et Jean-Claude Etienne, respectivement présidents des conseils régionaux de Lorraine et de Champagne-Ardenne, devant le tracé du futur TGV Est.

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