Transformer l’essai du Grenelle

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Conjoncture, un climat nuageux

Amorcée à l’été 2010, la reprise de la construction neuve, couplée à une météo exceptionnellement favorable en début et fin d’exercice, ont porté l’activité des négoces en 2011.

La hausse des mises en chantier a atteint l’an dernier 21,8 %, dont 11,8 % pour la maison individuelle selon les données de l’UMF. Résultat, une croissance forte des produits du gros œuvre, avec des progressions annuelles à deux chiffres pour les briques et le béton prêt à l’emploi (voir encadré), et une hausse de 7,8 % du CA des négoces matériaux. Cette embellie risque cependant d’être de courte durée. Le mois de janvier 2012 s’est conclu par une baisse de près de 30 % des mises en chantier, fruit d’un retournement sur le marché des logements neufs en 2011 (baisse des ventes de 10 % pour les maisons individuelles, et de 10,5 % pour les collectifs en promotion). Et ce n’est pas le mois de février, marqué par un enneigement massif qui a arrêté les chantiers jusqu’à deux semaines dans certaines régions, qui permettra d’inverser la tendance. La majorité des acteurs de la construction anticipent toutefois un premier semestre 2012 étale par rapport à 2011, grâce à l’écoulement des projets déjà lancés et au relais de la rénovation. « Les carnets de commandes sont encore chargés mais le second semestre devrait subir les effets directs des mesures de rigueur : nous anticipons pour 2012 une baisse d’activité de 2,5 % sur le neuf et une stagnation sur la rénovation », analysait récemment le président de la Capeb, Patrick Liébus. L’investissement public est bridé par la crise des dettes et des échéances électorales peu propices au lancement de grands projets… Côté particuliers, la Banque de France pointait en janvier le risque d’un assèchement des financements : près de 89 % des établissements interrogés s’attendent à une baisse de la demande de crédit à l’habitat dans les prochains mois. La hausse attendue des taux d’intérêt, même modérée, compromet la solvabilité des primo-accédants. Et l’instauration du PTZ ne compense qu’imparfaitement les difficultés des ménages, surtout en zone C, moins tendue.

Des segments de clientèle fragilisés

Avec la fin des accords dérogatoires à la LME, la question des délais de paiement redevient aussi sensible que lors des pires années de la crise. Certaines entreprises semblent arriver au bout de leurs réserves de trésorerie : les incidents ne concernent plus seulement les clients les plus touchés en 2008, les TPE de moins de 5 ans d’existence. Selon une étude des Echos, près de la moitié des 16 700 défaillances constatées à fin novembre 2011 concernait des PME ayant entre 5 et 10 ans. Le directeur général de Gedex, Yves Martin-Delahaye, constate « une montée des impayés concernant des entreprises de 15 à 20 salariés qui, pour faire face à la crise, ont baissé leur prix et pris des marchés trop petits, menaçant leur rentabilité et celle des TPE qu’elles concurrencent ». Les négoces ont globalement choisi de ne pas s’engouffrer dans la bataille des prix. « La tentation de faire le chiffre en baissant les marges a surtout concerné les années 2009 et 2010 : de fait, très peu de négoces ont connu de réelles difficultés dans la période, se félicite Géraud Spire, président de la Fédération du négoce de bois et de matériaux de construction (FNBM). Mais la conjoncture doit nous inciter à ne pas baisser la garde dans les prochains mois. »

RT 2012 : inquiétudes sur le niveau de formation

Aun an de l’entrée en vigueur de la RT 2012, les interrogations montent : la filière est-elle prête ? Actuellement, seulement 18 % des maisons vendues sont aux normes BBC (données UMF). L’étanchéité apparaît comme le talon d’Achille : « Rien de nouveau : là où les menuisiers sont habitués à travailler au millimètre, les maçons restent à l’échelle du centimètre, résume un acteur du négoce. Mais avec la RT 2012, l’impact sera immédiat et le risque de sinistre démultiplié ! » L’offre de formation sur le neuf s’est renforcée tous azimuts ces derniers mois, que ce soit par les organismes certificateurs, les syndicats professionnels, les industriels, les négoces... « Mais une masse importante des entreprises ne s’investit pas dans ces dispositifs. Idem sur la rénovation où les crédits FEE Bat ne sont pas entièrement consommés ! », regrette le directeur général de l’Agence construction qualité, Marc Ducourneau. Egalement en charge du programme d’accompagnement des professionnels sur les règles de l’art du Grenelle, Marc Ducourneau estime que dans la période actuelle, « les distributeurs ont un rôle décisif, sinon de formation, mais de conseil et d’information : là où les organisations professionnelles ne touchent qu’une moitié des professionnels, le négoce touche tout le monde ». Géraud Spire adresse un satisfecit à ses adhérents : « Le négoce a compris qu’un nouveau rôle s’ouvrait dans l’accompagnement de ses clients », estime le président de la FNBM. « Dans leur négoce, beaucoup d’entreprises ont l’impression d’être face à des gens formés à la vente plutôt qu’à la technique », répond Franck Cotton, de l’Umgo-FFB (voir p. 32).

La performance énergétique soutient le marché

Avec un volume d’affaires estimé à 6 milliards d’euros, les travaux liés à la performance énergétique représentent aujourd’hui 15 % de l’activité du CA bâtiment, selon la Capeb. Le marché de l’isolation est particulièrement porteur : la centrale CMEM a par exemple enregistré une croissance de 16 % sur ce marché, soit 3 à 4 points au-dessus de l’activité globale. L’ITE semble tenir ses promesses avec une véritable explosion des surfaces posées depuis deux ans (voir p. 7). Pour les négoces, ces bons chiffres sont aussi le résultat de politiques très actives sur le plan de vente et la commercialisation, avec la généralisation de catalogues et expositions dédiées. Un an après le lancement de son programme d’Eco-chantiers, Wolseley a annoncé une croissance des ventes de 12 % sur sa sélection de produits liés à la performance énergétique - près du double du CA global. Sur un marché atone, la rénovation thermique devient un gisement d’activité majeur. Des négoces ont choisi une démarche globale, de l’étude thermique à la mise en contact avec les artisans en passant par le financement, pour faciliter la vente de travaux multilots : citons le Conseil Eco-Réno chez Union Matériaux ou le GIE Réseau Energie Habitat (groupe Samse, Denis Matériaux, Tanguy Matériaux). Le particulier est une cible prioritaire de ces dispositifs : VM Matériaux a ouvert deux showrooms en centre-ville de Nantes et La Rochelle pour promouvoir ses éco-Solutions. Enfin, deux ans après la première initiative menée par le groupe Point.P au sein du programme Eco-Réflexes, le levier des CEE se généralise parmi les négoces.

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