La conférence de presse tenue, le 13 octobre à Paris, par le groupe Hermitage avait pour objectif premier de permettre à son président, Emin Iskenderov, d’annoncer la conclusion, quelques instants plus tôt, d'un accord de prise de participation de Bouygues Bâtiment Ile-de-France dans le projet de tours jumelles qui doivent être construites dans le quartier d’affaires de La Défense (Hauts-de-Seine).
Pour ce projet, baptisé Hermitage Plaza et lancé en 2007, le groupe de BTP « nous accompagne techniquement depuis longtemps », a rappelé Emin Iskenderov. A l’entendre, l’alliance financière était donc naturelle. Ce qui l’était moins, en revanche, pour le président du groupe Hermitage, était de révéler la hauteur de cette prise de participation. Elle est donc officiellement « minoritaire » mais le montant en est surtout « confidentiel ». Autre non-révélation, le calendrier du projet n’est pas connu, Emin Iskenderov ayant annoncé… qu’il annoncerait ultérieurement la date de lancement du chantier.
Les deux partenaires ont en revanche expliqué assez précisément comment les travaux pourraient être plus rapides que prévus. Les futures tours dessinées par l’architecte britannique Norman Foster, qui mêleront appartement, bureaux, commerces et hôtellerie, devraient s’élever en bord de Seine non plus en six ans comme annoncé auparavant, mais en quatre ans et demi seulement. Entre instruction des permis de construire, recours et crise économique, Emin Iskenderov l’a rappelé, « Deux ans ont été perdus. Mais d’un certain côté, ce délai est positif puisque les méthodes de construction ont entre-temps évolué ».
Techniques éprouvées
Bernard Mounier et Albin Dargery, respectivement directeur général et directeur général adjoint de Bouygues Bâtiment Ile-de-France, ont détaillé les techniques éprouvées sur de précédents chantiers menés par leur groupe dans le monde et qui seraient mises en œuvre sur le projet de la Défense. Tout d’abord, le constructeur mettra en place un quai de déchargement en bord de Seine, au pied du terrain d’assiette des tours, pour permettre un acheminement plus « fluide » des matériaux.
Le choix du procédé de fondations participera aussi à une plus grande efficacité. Bouygues Bâtiment Ile-de-France optera en effet pour « une paroi moulée trilobée », a expliqué Albin Dargery. Le système sera autostable et, donc, ne nécessitera « ni tirant, ni buton ». Enfin il est prévu de diviser par deux le temps de réalisation des étages en passant « d’un cycle d’un étage tous les six jours à un étage tous les trois jours », a poursuivi Albin Dargery. Il s’agira, dans les faits, d’édifier des doubles étages – par exemple, R+1 et R+3 – entre le jour 1 et le jour 6 et de construire l’étage intercalaire – le R+2, donc – à partir du jour 3.
Impact sur l'architecture intérieure
Ces dispositifs techniques ne modifieront pas la structure externe et donc l’aspect du projet Hermitage Plaza. En revanche, la structure interne sera renforcée et « cela aura un impact sur l’architecture intérieure », a reconnu Bernard Mounier qui a évoqué des modifications sur les poteaux et les calepinages.
Emin Iskenderov estime à ce jour que « le prix de revient du projet reste inchangé, à 2,9 milliards d’euros ». Cela demandera sans doute à être confirmé par la suite car si les délais sont réduits, les techniques de construction employées pourraient aussi être plus coûteuses. Pour le groupe Hermitage, toutefois, le temps gagné pourrait permettre « une économie en frais financiers. Et surtout, cela facilitera la commercialisation des tours », a assuré son président. Quant à l’achèvement des immeubles, même si la date de la première pierre n’est pas connue, il semble être envisagé pour 2020 ou 2021.