La géométrie découpée de cette opération est issue d’une manipulation intelligente des réglementations urbaines. Pour densifier efficacement une parcelle traversante de 230?m², l’architecte adosse son intervention aux deux pignons voisins, la faisant entrer dans la catégorie non soumise au COS de «?comblement de dent creuse?». Étalée sur la totalité de l’emprise foncière, l’opération double la surface habitable et colmate les fronts bâtis interrompus par le vide d’origine. Les masses bâties sont modelées dans l’alignement des immeubles voisins pour répondre aux caractères urbains des voies cadrant le site?: un boulevard à l’ouest, une petite rue à l’est. Ménageant un jardin de chaque côté de la parcelle, le bâtiment est fragmenté en deux volumes disposés en baïonnette et articulés par les circulations verticales.
Blocs de pierre ponce structurels
À l’intérieur, la répartition programmatique suit la logique contextuelle?: le commerce s’ouvre sur le boulevard?; les équipements communs aux logements (hall, local vélos, poubelles…) sont accessibles depuis la rue. Si l’ensemble des logements jouit d’une triple orientation, les espaces extérieurs varient selon leur disposition. Dans le volume aligné côté rue, les séjours s’ouvrent sur une large terrasse de plein sud. Côté boulevard, le recul réglementaire par rapport à la limite parcellaire permet d’ouvrir le séjour sur un balcon. Dans cette opération sans face arrière, c’est le traitement uniforme des façades d’un côté et de l’autre de la parcelle qui marque l’unité de l’intervention. Réalisé en blocs de pierre ponce structurels de 35?cm d’épaisseur sans isolation rapportée, le bâtiment est couvert de plaquettes de parement. Des moucharabiehs en briques pleines permettent l’éclairage naturel des circulations, du local poubelle et des espaces de services du local commercial donnant côté rue.
Tous les bâtiments nominés au prix d’architecture de la Première œuvre 2013 sont à retrouver dans la revue AMC « Une année d’architecture en France », datée de décembre 2013/janvier 2014 (pp. 111-129).