Tour de France des bâtiments nominés à l’Equerre d’argent 2012 (7/7)

Du 11 au 21 janvier, les rédactions du Moniteur et d’AMC vous proposent de traverser la France, du Nord au Sud, sur la route des bâtiments nominés au prix d’architecture de l’Equerre d’argent 2012. Etape du jour : Auch (Gers), où les architectes Benoîte Doazan, Stéphane Hischberger et Nicolas Novello (agence ADH) ont réalisé un pôle national des arts du cirque pour la ville.

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Salle de répétition, loges et ateliers

Le Circ, Centre d’innovation et de recherche circassien, se définit comme un équipement public culturel dédié aux pratiques du monde singulier du cirque où lieux de vie, de travail et de spectacle se rejoignent. Implanté à Auch, sur le terrain de l’ancienne caserne militaire Espagne, ce lieu de création et de résidence pour le cirque, comprend également la réhabilitation d’anciennes écuries du XIXe?siècle abritant notamment une salle de répétition, des bureaux et des logements pour les artistes. Situé en plein centre-ville, en face de Ciné 32, il marque l’éclosion d’un véritable quartier de la culture et s’inscrit aussi comme l’heureuse matérialisation d’une histoire que la commune entretient depuis de nombreuses années avec le cirque contemporain.

C’est à cet esprit circassien que les architectes d’ADH se sont mesurés afin de rendre sensible leur projet qui devait à la fois tirer parti de l’héritage martial du bâti existant et s’adapter aux usages des gens du cirque. «?Il faut bien comprendre que les circassiens sont des artistes qui s’entraînent en permanence, investissent tous les espaces, bien au-delà du seul cadre de la représentation que constitue le chapiteau?», explique l’architecte Stéphane Hirschberger. Au-delà de l’univers à paillettes que le cirque véhicule, il s’agissait de concevoir un complexe pensé comme un outil de travail confortable, un support immédiatement appropriable. Une exigence de grande adaptabilité à laquelle s’est adjointe celle d’un budget restreint ayant conduit au choix de matériaux bruts, de détails simples et volontairement répétés. Des contraintes qui ont ici été exploitées pour trouver la juste mesure d’une architecture dont la retenue se fait l’écho de pratiques axées sur l’effort et l’humilité. Son apparente simplicité s’anime et s’éclaire sous le joug du spectacle vivant.

Chapiteau en dur

Une conception non démonstrative faite avec et pour les usagers pouvant rappeler la démarche généreuse et pragmatique de Patrick Bouchain. Pour ce qui est de la création d’un espace permanent dédié aux représentations, les concepteurs ont choisi de revisiter l’icône familière du cirque à travers la conception d’un chapiteau en dur. La demande d’une double configuration - frontale et circulaire - imposait une réflexion géométrique pour donner un maximum de place afin de bouger les gradins et rendre possible le passage des chevaux. Sans mâts intérieurs, couvrant 1000?m2, la charpente en bois est constituée de 22?arcs identiques de 20?m de haut, assemblés en huit?modules. Consolidée par un grill technique métallique, elle est coiffée d’une double toile isolante, noire à l’intérieur et blanche à l’extérieur pour réfléchir le rayonnement solaire. Entre les deux, un isolant évite les pertes thermiques des chapiteaux traditionnels. Une disposition qui, associée à la température normale du sol en béton, permet d’étendre la saison des spectacles en faisant des économies de chauffage. A ce travail sur l’épaisseur s’ajoute celui du dédoublement de la structure qui intègre les passerelles, allie sa fonctionnalité à une expressivité technique sous-tendue par l’image emblématique du trapèze.

Rue intérieure

Située parallèlement au chapiteau et hébergeant le principal des activités quotidiennes et de travail, la façade colorée des anciennes écuries s’étend tout en longueur. Elle est marquée par la régularité de ses travées et l’émergence d’une boîte imposante bardée de bois – coiffée de deux cheminées solaires – où loge la salle de répétition. Evitant le pastiche, la transformation du bâtiment militaire joue le jeu de la simplicité formelle, s’appuie sur les lignes itératives qui le caractérisent. La texture des murs est conservée et les modules des différents programmes s’intègrent dans la trame existante qui sert à la fois de cadre et d’unité de mesure. En témoignent les menuiseries qui, plaquées contre les façades, correspondent à l’écriture intérieure de l’édifice et à ses usages. La liberté de leur positionnement apporte un rythme dissonant qui anime l’unité de l’ensemble, reliant le passé au présent. Au cœur de la structure, dans le prolongement de la salle de répétition - assimilée à une cage de scène -, un patio dessert les logements, bureaux et réfectoire. Véritable rue intérieure, il permet d’irriguer l’ensemble des activités à travers un système de coursives qui multiplie les possibilités d’échanges. Clin d’œil à Fellini, la création d’une rue du cirque - la Strada - draine le public d’un lieu à l’autre, devient un territoire de travail et de spectacle supplémentaire ouvert sur la ville.

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