Noyée sous le fracas de la circulation, à deux pas du périphérique, la parcelle d’angle du boulevard Macdonald et du quai du Lot, au bord du canal Saint-Denis, sur la ZAC Claude-Bernard, apparaît plutôt ingrate… C’est pourtant là qu’a été implantée une école, maternelle et primaire, de douze classes. « Malgré la configuration des lieux, la proximité de l’eau offre un potentiel poétique intéressant », positive Xavier Gonzalez, architecte. Pour lui, réunir ces deux populations enfantines au sein d’un seul bâtiment « offre la possibilité de réduire le traumatisme du passage à la grande école en organisant une continuité, mais aussi une autonomie, entre des enfants de 3 ans et 11 ans, très différents en termes de motricité, d’énergie… » Pour tirer parti du « génie du lieu », l’architecte a créé sur le boulevard, face au sud, un bâtiment de trois étages (structure acier) qui forme un écran acoustique abritant la cour.
Bâtiment-pont
A l’autre extrémité de la parcelle prend place un volume plus bas. Entre les deux, un « bâtiment-pont », décollé du sol (structure béton), dégage une transparence sur le canal en étendant visuellement la cour de récréation. Dans un souci de discrétion de bon aloi vu le contexte, l’ensemble s’enveloppe de verre, tandis qu’à l’intérieur les couleurs exultent. Mais, loin de l’équation triviale « enfance égale couleurs », les architectes les utilisent ici pour révéler l’espace. Au plan fonctionnel, les enfants se séparent dès le hall : classes maternelles au premier étage de l’aile est, et élémentaires au second. Une disposition qui libère un maximum d’espace pour la cour et ménage deux préaux abrités sous le bâtiment-pont. Les espaces partagés (restaurant, administration, etc.) sont disposés à chaque extrémité, et les maternelles accèdent à leur cour par l’escalier nord, sans avoir à traverser la cour des « grands ». Et pour « renforcer symboliquement » le passage d’une école à l’autre, le changement d’étage s’accompagne d’un changement de perspective : la maternelle s’ouvre vers le canal tandis que, pour le primaire, la disposition s’inverse.