Toulouse: opposés à la démolition d’immeubles de Candilis, des architectes interpellent Roselyne Bachelot

Soutenus par des figures de la profession, dont Jean-Philippe Vassal (Pritzker 2021 avec Anne Lacaton), des architectes toulousains réclament un moratoire immédiat sur des démolitions d’immeubles programmées au Mirail.

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Un  collectif d'architectes s’oppose à la démolition de bâtiments de l’architecte Georges Candilis dans le quartier du Mirail à Toulouse.

Une aberration. C’est ainsi que Jérôme Darnault, Gilbert Pédra, Michel Retbi, Fabrizio Samaritani et Jean-Pierre Sirvin, les cinq architectes toulousains fondateurs du collectif Candilis résument la situation. Ils sont vent debout contre le projet de démolition-reconstruction d’un ensemble de logements construits par Candilis, Woods et Josic dans le quartier du Mirail dans les années 1970 à Toulouse (Haute-Garonne). « Notre objectif est que ce patrimoine architectural soit respecté ! Car ces immeubles représentent un héritage riche que l’on doit améliorer, réhabiliter et non détruire ; et ce combat n’a rien de politique », précise Gilbert Pédra, l’un des membres du collectif. Interpellés par les habitants du quartier, il y a quelques semaines, suite à une enquête publique qui concluait à la démolition, les architectes ont créé, avec des associations et des habitants du quartier, ce « collectif Candilis ».

« Cette décision est incompréhensible, alors même qu’une autre enquête publique, menée en 2017 sur le même projet avait aboutit à un avis défavorable à la démolition », pointent-ils. Soutenus par le conseil régional de l’Ordre des architectes (Croa) d’Occitanie, plusieurs grands noms de l’architecture (Jean-Philippe Vassal, Richard Klein, Frédéric Borel, Paul Chemetov) ainsi que la fille de Georges Candilis, les architectes toulousains ont interpellé la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot et les élus locaux. Ils demandent un moratoire immédiat sur les démolitions et en appellent à un concours architectural et urbanistique pour rénover les immeubles concernés.

Une qualité d’usage à préserver

« La structure porteuse de ces bâtiments est excellente, elle n’a d’ailleurs pas bougé au moment de l’explosion d’AZF, fait remarquer Michel Retbi, et puis surtout nous avons fait remarquer à Madame Bachelot, dans un courrier envoyé à son cabinet, que ces logements répondent en tous points aux recommandations du rapport Leclercq-Girometti sur la qualité d’usage du logement, remis à Emmanuelle Wargon en 2021. Ils cochent toutes les cases en termes de doubles orientations, de hauteur sous plafond, d’espace, de surface, de rapport à l’espace extérieur, d’espaces mutualisés, etc. Ce serait une hérésie de les démolir ! »

Du côté de Toulouse Métropole, qui porte ce projet dans le cadre du nouveau programme national de réhabilitation urbaine (NPNRU) et selon le maire de quartier Gaëtan Cognard, « un moratoire n’a pas lieu d’être. Sur les 19 résidences Candilis concernées, six seulement seront démolies, soit 1 160 logements pour permettre de désenclaver le quartier et le réurbaniser à une échelle plus humaine. Les treize autres seront bel et bien réhabilitées et ceci fait suite à une longue période de concertation », estime l’élu. Il ajoute par ailleurs que « ce projet présente, au-delà de la réhabilitation, l’intérêt de faire de la mixité sociale et d’ouvrir le quartier sur la ville. La plupart de ces immeubles sont gérés par des bailleurs sociaux qui proposent des relogements aux habitants ».

L’exemple de Grand Parc à Bordeaux

« De nombreuses familles ont déjà accepté des propositions de relogement, assure l’élu, et démolir ces immeubles permettra aussi de construire des routes et de reconnecter le quartier au reste de la ville. » Des arguments que n’entendent pas les membres du collectif. « Certains habitants vivent ici depuis la construction de ces immeubles et souhaitent y rester. Et puis, il y a ici, d’un point de vue patrimonial et architectural, une intelligence de conception à prendre en compte et à améliorer. Prenons exemple sur ce qui s’est fait à Bordeaux avec la réhabilitation de Grand Parc justement par Lacaton et Vassal avec le bailleur Aquitanis ou à la Butte rouge à Châtenay-Malabry ! » ajoute aussi Fabrizio Samaritani. Sur place, élus et bailleurs ne semblent pas l’entendre de cette oreille, d’ailleurs deux panneaux d’autorisation de démolir ont déjà fait leur apparition.

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