Que signifie l’obtention de l’IGP Pierre du Midi ?
Il s’agit d’une reconnaissance des qualités de notre pierre de taille locale, calcaire demi-ferme héritée du miocène, et donc de 50 millions d’années, et qui est utilisée depuis des siècles dans la construction d’édifices tels que les arènes de Nîmes ou d’Arles, l’aqueduc de Roquefavour ou le Pont du Gard, mais aussi les immeubles de Fernand Pouillon, sur le quai du Vieux-Port de Marseille, par exemple.
L’IGP encadre, d’une part, le processus de traçabilité de nos pierres, qui en garantira l’origine à nos clients. L’Inpi, l’Institut national de la propriété industrielle, a pris en compte la rareté et la spécificité du matériau, mais aussi les techniques liées à son extraction et à sa transformation en valorisant les savoir-faire de la chaîne de production.
D’autre part, l’IGP protège les gisements, montre leur utilité comme leur valeur patrimoniale, alors que parmi les carrières concernées, deux sont presque au bout de leur exploitation. C’est important, notamment, pour préserver leur destination dans les PLUI ou leur permettre de poursuivre leur activité au sein d’un parc naturel.
Que protège concrètement l’IGP ?
L’appellation « Pierre du Midi » couvre les produits bruts - blocs, enrochements -, les produits semi-finis - les tranches -, les pierres massives, les pierres de revêtement et les pierres de remplacement provenant de gisements explicitement mentionnés dans le cahier des charges. Elle définit également les départements dans lesquels la production est réalisée, qu’il s’agisse de l’extraction, dans l’Hérault, le Gard, les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, la Drôme et les Alpes de Haute-Provence, ou de la transformation, dans les départements d’extraction et les Pyrénées-Orientales, l’Aude, la Lozère, l’Ardèche, les Hautes-Alpes, le Var et les Alpes-Maritimes. La filière représente 90 emplois environ pour un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros.
Le label nous protège de la concurrence déloyale et des utilisations abusives de l’appellation.C’est ce qui avait motivé les promoteurs de l’IGP Granit de Bretagne, la première du genre à avoir été labellisée en 2017, après avoir observé des contrefaçons chinoises de leur pierre.
Quels sont les usages actuels de la pierre du midi ?
Nous avons connu un retournement complet de notre activité, il y a dix ans. La pierre du midi était alors presque exclusivement utilisée pour la fabrication de cheminées. Mais alors que l’apparition des poêles à granulés réduisait cette production à néant, l’architecte lyonnais Gilles Perraudin concevait ses premières constructions en pierre, sa maison et un couvent. Il a ensuite construit plusieurs chais, la pierre étant plébiscitée pour sa capacité à maintenir la fraîcheur. Et de fil en aiguille, on a démarré la construction de logements et de bâtiments publics. Nous travaillons sur des logements sociaux, 600 à Lyon, 260 à Bordeaux, etc., et des écoles. Au Pradet, dans le Var, une structure en pierres massives de 1 700 m2 accueillera l’an prochain un groupe scolaire. La pierre est plébiscitée pour son authenticité, mais aussi pour ses qualités intrinsèques : c’est un matériau très sain, très résistant, qui peut être déconstruit et réutilisé. Il entre dans les critères de la RE2020 comme dans les ceux de la labellisation « Bâtiment durable méditerranéen ».