Au Pradet, un conservatoire apporte sa pierre à l'édifice culturel

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Le 27 janvier, le nouveau conservatoire du Pradet, commune membre de la métropole Toulon Provence Méditerranée (TPM), a accueilli ses premiers élèves après son inauguration cinq jours plus tôt.

Le territoire dispose désormais d’un équipement à haute performance acoustique, composé de six salles de cours et de répétition, ainsi que d’une salle pour orchestre pouvant accueillir jusqu’à 90 personnes.

Structure en pierre massive

Réparti sur trois niveaux, le nouvel équipement (617 m2 de surface de plancher) se caractérise par sa structure en pierre massive tenue par des planchers béton et sa charpente en bois couverte de tuiles canal. Plus de 1 200 blocs de pierres massives ont été acheminés depuis la carrière des Estaillades à Oppède au cœur du Luberon (à 150 km du Pradet) avant d’être posées par l’entreprise Poggia Provence. Ce parti pris a été une évidence pour les concepteurs.

Toutes deux Ajap en 2014, les agences Studio 1984 et Boris Bouchet Architectes prônent en effet la performance technique et l’exigence écologique comme support d’une qualité d’usage retrouvée. L’autre préoccupation a été le respect de l’identité locale. Le choix de la pierre ainsi que celui de couvrir le bâtiment de tuiles canal en découlent. « Par ailleurs, la pierre, matériau noble et sobre, qui apporte l’inertie au bâtiment, est la même qui a été utilisée pour construire l’église voisine », précise Jordi Pimas, architecte au sein de Studio 1984.

L’application de ces principes a donné naissance, après plus d’un an de travaux, à un bâtiment au bilan carbone très bas et labellisé Bâtiment durable méditerranéen (BDM), niveau Argent.

L’opération n’a pas été conduite sans mal. En raison de recours de riverains qui ont mené l’affaire jusqu’au conseil d’Etat et de la nécessité de modifier le plan local d’urbanisme après la déclaration de projet d’intérêt général, la construction a démarré en juillet 2018, soit plus de deux ans après le choix, sur concours, de l’équipe de maîtrise d’œuvre.

Inscription dans le tissu

Voulu par le maire du Pradet, porté par TPM, l’équipement à vocation métropolitaine est un élément d’un pôle culturel créé en cœur de ville à quelques mètres d’une église et de la place principale de la commune. Son intégration dans un site étroit occupé par deux bâtiments d’une ancienne école, aujourd’hui transformée en bibliothèque et médiathèque, a d’ailleurs été un des enjeux du projet. Pour y répondre, les architectes ont pris le parti d’un bâtiment relativement étroit en R+2 afin de limiter son emprise au sol (454 m2, dont les gradins extérieurs) mais aussi pour qu’il s’inscrive dans un tissu hétéroclite composé de maisons individuelles et de petits collectifs. « Il fallait de la discrétion, mais aussi une émergence, une présence urbaine pour afficher sa présence et établir le dialogue avec l’église située à l’ouest », affirme l’architecte Boris Bouchet.

Isolant et protecteur

Volume massif en pierre et béton, le nouvel équipement a l’autre vertu d’être à la fois isolant et protecteur vis-à-vis du voisinage. « Dans un conservatoire, l’ennemi, c’est l’écho. Par exemple, la salle d’orchestre, placée au nord du bâtiment, est dotée de quatre murs en pierre de taille dont la géométrie permet de heurter les sons. Les salles de musique sont, elles, isolées les unes par rapport aux autres sur le principe de la boîte dans la boîte », précise Boris Bouchet.

Dans cette même logique de gestion de l’acoustique, aucune salle n’est à angle droit. Par ailleurs, en lien avec l’acousticien, des « pièges à son » ont été fabriqués sur mesure pour être placés entre les deux fenêtres de chacune des ouvertures.

Conçu comme un abri, le bâtiment est cependant ouvert sur l’extérieur grâce à ses ouvertures qui donnent sur le grand paysage et apportent de la lumière naturelle. La même fonction est donnée aux gradins extérieurs, dont le sommet est un belvédère d’où l’on peut admirer le panorama. Placés au sud dans le prolongement de l’équipement, ces mêmes gradins, capables d’accueillir 120 personnes, sont tournés vers la cour intérieure pensée comme une place publique autour de laquelle s’articulent la bibliothèque et la ludothèque. Ainsi, ils participent aussi bien à l’ambiance intérieure du bâtiment qu’à l’agrément des espaces extérieurs.