Les deux cheminées carrées de 30 m de haut sont les emblèmes de Chaux Saint-Astier, le dernier chaufournier de la commune du même nom, en Dordogne, qui en comptait 60 au début du XXe siècle quand le béton balbutiait. Celles qui entretiennent la flamme d'une histoire centenaire seront remplacées en 2028 par une nouvelle usine dont l'entreprise a posé la première pierre fin juin.
Une nouvelle cheminée au gaz - et non plus au charbon -culminant à 52 m toisera de plus de 20 m les jumelles conservées au titre du patrimoine industriel.
50% des fines de carrière intégrées
Ce changement, d'un coût de 40 M€, devrait réduire de 25% les émissions de CO2 « dans un premier temps, en attendant un combustible biogaz à moyen terme, et à long terme un système de captation des gaz à effet de serre », prévoit le président Antoine Bastier. Mais l'usine n'est que la partie émergée de l'iceberg de calcaire : un gisement immaculé de 200 m d'épaisseur dont cent ans d'exploitation ont à peine entamé la surface.
Par 20 m de profondeur et 13 °C toute l'année, 40 ha de carrières accueillent des bulldozers, des concasseurs et des kilomètres de convoyeurs. L'extraction est faite à la dynamite pour dégager les blocs, réduits en granulats puis acheminés vers le four chauffé à 1 000 °C pour séparer la silice du carbonate. La nouvelle installation améliorera la productivité en intégrant 50 % des « fines » de carrière - « des poudres qui ont tendance à étouffer le feu », explique le dirigeant - et en réduisant le temps d'hydratation de la chaux vive « de 30 heures à 20 minutes, grâce à un procédé innovant en continu ».
Chaux Saint-Astier extrait 140 000 t de calcaire et commercialise 110 000 t de produits chaque année, dont 60 000 t de chaux hydraulique naturelle et une gamme étendue de liants et mortiers pour la construction traditionnelle. L'entreprise spécialisée dans les rénovations patrimoniales - cathédrales et châteaux, fontaine de Trévi, Sagrada Familia, palais de Westminster, Tour de Londres, Golden Bridge… - profite aussi du développement de l'écoconstruction et multiplie les produits facilitants pour les techniques à base de chanvre, lin, paille ou liège.