Au Verdon-sur-Mer (Gironde), l'exposition « Terres alluviales. Matières d'estuaires »* retrace le travail d'un collectif d'architectes, designers et céramiste sur la valorisation des terres et sédiments de dragage et leurs débouchés. Quentin Prost, l'un de ses membres, également architecte cofondateur de l'association Ter-ter, s'est penché sur le sujet avec le laboratoire Greccau de l'Ecole nationale supérieure d'architecture et de paysage (Ensap) de Bordeaux.
Le sujet de sa thèse, soutenue en juin et menée au sein du syndicat intercommunal du bassin d'Arcachon (Siba), porte sur la transformation des sédiments de dragage du bassin en briques de terre moulées et extrudées destinées au remplissage de murs à ossature bois. « Une fois lessivée du sel pendant les trois ans de stockage, la matière, limoneuse et argileuse, possède une cohésion », souligne l'architecte.
Démonstrateur et production à l'étude
Le Siba pilote le dragage et le stockage afin d'assurer la navigabilité dans les 19 ports dont il est chargé (en tant que gestionnaire ou maître d'œuvre). Entre 10 000 et 25 000 m3 de vase sont dragués lors de chaque campagne, et déposés dans les neuf unités de gestion des sédiments. « Depuis 2020, la filière se structure et, sur les 54 000 m3 stockés à ce jour, 23 000 m3 sont disponibles pour valorisation, précise Aurélie Lecanu, directrice du pôle maritime et cours d'eau au Siba. Nous avons développé des utilisations comme la terre végétale pour la filière agronomique, les couches de forme pour la voirie ou les remblais techniques. » La brique pourrait venir élargir le panel.
Afin d'illustrer son projet de recherche, Quentin Prost l'a utilisé comme matériau pour construire avec le Siba une cabane de supervision de 20m² (maîtrise d'œuvre : Nicole Condorcet) au sein de l'unité de gestion des sédiments de Gujan-Mestras (Gironde) qui a ouvert en février dernier. Le syndicat intercommunal a profité de ce chantier pour amorcer une filière en faisant participer des apprentis maçons et des entreprises locales. Aujourd'hui, l'architecte réfléchit à la création d'une fabrique de matériaux qu'il envisage mobile.
*A la Maison de Grave, chemin forestier, Le Verdon-sur-Mer (Gironde), jusqu'au 16 septembre.