Des prix sous pression
Très fortement dépendante des cours des matières premières (pétrole, acier… mais surtout cuivre, qui est à plus 87,94 % depuis 2000 !), la hausse des cours induit une hausse des prix du matériel électrique, dont l’ampleur est telle qu’elle ne peut se répercuter totalement sur les clients. Le cuivre a atteint son sommet cette année depuis le début de sa cotation en 1870, pour atteindre 5 685 dollars la tonne. Les marges des distributeurs ont été quelques peu chahutées dans le segment des câbles notamment. Pour beaucoup d’observateurs, le pic semble être passé… Mais la filière reste vigilante, notamment face à la demande asiatique qui maintient des prix sous pression. La concurrence va jouer, d’autant que de nouveaux acteurs apparaissent dans la filière de distribution. Le hard discount, avec ses prix d’appel sur le câble, mais également les offres électricité dans la quincaillerie, le sanitaire chauffage, et même les généralistes…
Quelle place pour les indépendants ?
La distribution de matériel électrique en France est largement dominée par deux mastodontes, qui sont par ailleurs leaders mondiaux. Avec un peu moins de 80 %, Sonepar et Rexel se partagent à parts quasi égales la distribution au niveau national… Avec un avantage pour Sonepar et ses 480 points de vente annoncés… contre 450 attribués à son challenger direct Rexel.
On peut noter deux faits marquants pour ces deux groupes. D’une part pour Rexel, qui a rebaptisé une partie de son réseau sous la nouvelle enseigne nationale Coaxel. 69 des 444 points de vente (Selon la liste communiquée par Rexel au 1er octobre) autrefois Rexel ont ainsi changé de façade.
Et d’autre part, concernant Sonepar, Patrick Salvadori, le directeur général de la seule enseigne nationale du groupe, l’enseigne CGE D, a été nommé depuis octobre à la tête de Sonepar France…
Dans cet oligopole, né pour des raisons historiques, liées au choix du nucléaire en France, les indépendants ont plutôt tendance à se regrouper pour exister… Il faut peser et s’imposer sur les achats, d’autant que cette extrême concentration a son parallèle chez les fabricants, où l’on retrouve deux poids lourds Legrand et Schneider.
Parmi les indépendants, le réseau Socoda tire très bien son épingle du jeu. Le groupement affiche une progression de 12 % de CA jusqu’à fin août, alors que la fédération affiche deux points de moins. Ce qui fait dire à Philippe de Beco, président du directoire du Groupe Socoda, que « les indépendants affichent là tout leur dynamisme face aux groupes intégrés ».
Partelec, avec 310 millions d’euros de CA en 2004 pour 73 points de vente, est pratiquement stable en 2005, d’après Développement Construction : 320 millions d’euros de chiffre d’affaires pour le même nombre de points de vente. Le GIE Siele, quant à lui, double ses points de vente par rapport à 2004 et atteint un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros pour 40 points de vente. Enfin, il faut noter la percée de Finatech avec 60 millions d’euros de chiffre d’affaires… « Je pense faire environ 1 % de la distribution en France, détaille son PDG Hervé Guillaume. Cette année, nous allons dépasser une croissance de 22 %, compris croissance externe et interne. Pour le moment nous sommes sur 25 sites et nous développons trois enseignes dont deux de façon concomitante : Maxelec et Etulec. A côté nous avons la câblerie et tout ce qui va avec, support, goulotte, connexion… Nous avons un plan de développement national de 25 points de vente pour cette enseigne. Les deux premiers sont installés et font 10 millions d’euros de chiffre d’affaires la première année. Par ailleurs, je crois beaucoup à la proximité. Avec le concept Proximax, dont deux sont déjà opérationnels à Narbonne et à l’Ile de Ré, nous allons ouvrir dix points de vente l’année prochaine, dont trois dans le Puy-de-Dôme. »
Ouverture du marché de l’énergie
Dès le 1er juillet prochain, la libéralisation du marché de l’énergie électrique (et gaz !) sera effective pour le particulier. De nouveaux acteurs seront donc en concurrence… Ce qui va modifier la donne dans la filière. Ces nouveaux opérateurs devront « vendre » des économies d’énergie et récupérer des certificats d’énergie, sous peine de se voir infliger des pénalités importantes. La concurrence sévère qui va en découler, entre l’opérateur historique EDF, et les nouveaux entrants, GDF, Poweo, Electrabel… va engendrer des partenariats avec les fabricants, les installateurs et les distributeurs. Jusqu’où ira EDF ? Entre son rôle de conseil, et son réseau commercial. La tentation sera forte pour l’opérateur historique d’aller au-delà du compteur… Les fortes dénégations ne lèvent pas les craintes des installateurs, et même des distributeurs qui pourraient voir de grands réseaux se constituer, sous forme de club ou autre, et qui pourraient avoir la tentation de raccourcir la filière.