Maxime Hayes a changé de couleur. Sans difficulté, il a endossé la tunique orange de chantier après avoir fait la pub des Pages Jaunes. A 38 ans, il codirige l'entreprise de génie climatique lyonnaise Juste. Ses études ne prédestinaient pas ce Sarthois d'adoption à la plomberie. Il s'était orienté initialement vers la vente, enchaînant CAP, BEP et bac pro, passant quatre ans dans une boutique de prêt-à-porter haut de gamme dans le centre du Mans.
Faute d'avoir trouvé un terrain d'entente avec ses patrons pour gérer un magasin similaire à Nantes, le vendeur de fringues a « pris son sac à dos, deux matelas et quatre meubles » pour s'installer à Lyon avec Julien Binet, son meilleur ami. Et travailler dans la vente d'espaces publicitaires pour les annuaires et sites de Pages Jaunes, pendant trois ans. Parce qu'il n'a pas réussi à convaincre la direction lyonnaise de lui donner davantage de responsabilités, il s'est tourné vers son colocataire pour rallier l'entreprise de plomberie qu'ils avaient cocréée et dont il était actionnaire minoritaire. D'abord sur les chantiers. Sans autre diplôme que l'amitié.
De Courchevel à Londres. Hormis un parrain plombier et la rénovation d'une « ruine » par son père, Maxime Hayes n'avait pas de connaissance approfondie du BTP. Son apprentissage, il l'a fait sur le terrain. Sans formation complémentaire. Sur des chantiers de rénovation, de Courchevel à Londres pour tuyauter le restaurant d'un cuisinier lyonnais. « Au bout d'une vingtaine de mois, j'ai lâché la pince à cintrer et le chalumeau pour me consacrer aux commandes, factures, devis, à la comptabilité et à l'informatique de la société » dont il est devenu coactionnaire à parité avec Julien Binet.
« Au bout d'une vingtaine de mois, j'ai lâché la pince à cintrer et le chalumeau pour me consacrer aux devis, aux commandes, à la comptabilité… »
Regardé « différemment » à ses débuts en raison de son parcours hors du BTP, Maxime Hayes s'est vite glissé dans son nouvel habit professionnel n'hésitant pas à reconnaître parfois « qu'il ne sait pas », à « aller chercher l'info » pour combler ses lacunes. Sa tchatche et son sens commercial ont fait la différence. Aujourd'hui, il codirige une entreprise de 20 personnes intervenant en plomberie, chauffage, ventilation, climatisation et électricité, à 80 % dans le neuf et à 20 % dans la rénovation, uniquement en Rhône-Alpes. La réussite de Juste tient surtout à la cohésion sans faille du « binôme de choc » qu'il forme avec son associé et ami qui est « comme un frère » et que ses enfants appellent « tonton ». La clé de leur entente : « On sait s'engueuler à bon escient », observe Maxime, chacun ayant son domaine de prédilection.
Foi en l'avenir. Après s'être inscrit à la « fédé » il y a quelques années, il est devenu en janvier 2021 président de la chambre syndicale du génie climatique du Rhône à la demande de son prédécesseur, Eric Bouvard. Approché en 2019, il lui a demandé un an pour s'organiser et prendre pleinement cette fonction qui « donne dupe ps et du piment à sa vie ». Avec son autre casquette de référent formation à la fédération du BTP, il n'oublie pas ses premières années dans la profession. Chaque année, Juste intègre quatre apprentis dans ses effectifs, histoire aussi de montrer que la pénurie de main d'œuvre et la défiance des jeunes envers les métiers du BTP ne sont pas une fatalité.
Bousculé par la crise du Covid -la fermeture de l'entreprise pendant plus d'un mois en 2020 -, les problèmes d'approvisionnement et la flambée des prix des matériaux, Maxime Hayes n'en garde pas moins foi en l'avenir. Lui qui « aime bousculer les codes » n'est pas déstabilisé par cette période compliquée. Ni son entreprise d'ailleurs : son carnet de commandes est plein pour un an et demi.