Siniat dévoile son plan EcoEnerGy axé sur la décarbonation de sa production

Spécialiste de la construction sèche, Siniat mène une nouvelle stratégie afin de réduire ses émissions de CO2. La marque lance son plan pour diminuer son impact carbone.

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Siniat - mélange avant plaque
Siniat - mélange avant plaque

Les poussières sont remuées par le vent. La fumée s’évacue pour retirer l’humidité des plaques. Les machines tournent sept jours sur sept, suivant un parcours minutieusement planifié où l'ensemble de la chaîne de production converge vers un même emplacement, situé au sein de bâtiments aux formes géométriques variées. L’usine d’Auneuil compte 170 salariés et est étalée sur 24 hectares dont 7 hectares sont couverts, avec une ligne de fabrication de plaques de plâtre. Au total, elle fabrique 50 millions de m² de plaques de plâtre par an, soit environ 150 000 plaques par jour. C’est ici que Siniat, rachetée en 2014 par le groupe belge Etex spécialisé dans les matériaux de construction pour développer sa construction sèche, affine ses méthodes pour décarboner sa production. Le site d’Auneuil, vieux de plus de 50 ans, fait l’objet d’investissements majeurs pour décarboner. Avant les aménagements, l’usine Siniat d’Auneuil, près de Beauvais dans l’Oise, consommait entre 220 000 et 250 000 m³ d’eau par an et jusqu’à 800 MWh de gaz naturel par jour. En raison des dernières directives gouvernementales et de l’inflation, Siniat a donc décidé d’un plan d’investissement de 30 M€, baptisé EcoEnerGy pour Ecologie, Energie et Gypse, pour tout à la fois réduire la consommation de gaz naturel et d’électricité, améliorer le recyclage des plaques de plâtre et réduire les émissions de GES. 

Maximiser le réemploi

C’est avec un savant mélange de gypse neuf et de matières issues du recyclage que les plaques Siniat sont fabriquées.  L’usine d’Auneuil consomme 1600 t/jour de gypse neuf, acheminé par 55 camions par jour, 5 jours sur 7, toute l’année. Le gypse provient à 60 % d’une carrière souterraine située au sein de la forêt de Montmorency (Val-d’Oise) et à 40 % d’une carrière à ciel ouvert à Le Pin (Seine-et-Marne). Côté recyclage, Siniat réincorpore à 100% ses propres rebuts de production dans sa fabrication depuis 20 ans. Siniat y ajoute des plaques de plâtres issues des chantiers de démolition ou de rénovation. Ces plaques déposées sont collectées, dans le cadre de son offre EcoPlâtre, par environ 150 entreprises de collecte à travers la France. L’Ademe estime le gisement annuel de plaques de plâtre recyclable à 600 000 tonnes. Seulement 25% de ce gisement sont recyclés pour l’instant. « Nous sommes fiers de dire que nous maîtrisons les procédés.  Nous savons tout faire sauf la gestion des déchets complexes. Nous comptons sur nos partenaires pour nous aider à augmenter le ratio de matières recyclées », indique Iryna Yermakova, directrice développement durable et santé, sécurité, environnement chez Etex. Cependant, le transport des matières recyclées pèse lourd dans l’équation financière.

Pour des plaques de plâtre moins consommatrices

Ritleng, partenaire alsacien de Siniat dans le recyclage des plaques, va construire une nouvelle usine de recyclage des déchets de plaques de plâtre en face de l’usine d’Auneuil. Aujourd’hui, Siniat peut incorporer entre 15 et 25 % de matière première issue du recyclage dans la fabrication de ses plaques, selon leur type. Une plaque de plâtre est constituée à 95 % de gypse et 5 % de carton sur les deux faces.  Les matières recyclées passent d’abord dans le broyeur cuiseur. Elles passent ensuite dans le séparateur où les fibres de cartons sont filtrées par gravité, collectées et envoyées chez un fabricant de carton qui livre les bobines à l’usine. Le gypse est ensuite mélangé à quelques additifs et à beaucoup d’eau pour obtenir un mélange liquide qui sera versé sur le lit de formage où les plaques sont constituées, lissées et découpées avant de pénétrer dans le séchoir. La transformation du liquide en solide est très rapide alors même que le composant contient plusieurs matériaux. « Au bout de quatre minutes, les plaques se durcissent. Nous les coupons par pairs et nous les retournons mécaniquement pour diminuer de 50% leur humidité. Au bout, la vitesse du lit diminue et les plaques sont redécoupées », indique  Cédric Monatte, Regional Industrial Director chez Etex Group.  L’usine d’Auneuil consomme entre 220 et 250 000 m³ d’eau par an, dont 55 000 m³ issus de la récupération des eaux de pluies, filtrées puis utilisées en production. Siniat met en place un plan pour récupérer l’eau de pluie chez ses voisins dans la zone industrielle d’Auneuil pour augmenter la part d’eau de pluie dans la consommation d’eau. Le gouvernement demande en effet une réduction moyenne de 10% de la consommation d’eau dans l’industrie.

Un séchoir énergivore

Le principal consommateur d’énergie dans l’usine d’Auneuil est le séchoir de 200 mètres de long. Mais au début de l’année 2023, l’usine a fermé trois mois : l’ancien séchoir a été remplacé par un nouveau de 200 m de long sur 8 m de hauteur (12 niveaux de plaques). Les plaques traversent le séchoir à la vitesse de 106 plaques par minute et passent en moyenne 40 à 45 minutes dans le séchoir, selon leur épaisseur. L’ancien séchoir, avec une consommation à hauteur de 60 % environ,  a été remplacé par un nouveau, pour un coût de 15 M€, dont 5 M€ financés par France Relance. Cet investissement réduit de 20 % les émissions de CO2 du site, le séchoir fonctionnant par biomasse avec une extraction de déchets de bois enfouis en décharge locale et combustion dans une chaudière adaptée. Au total, ce sont donc 5 900 tonnes de CO2 évitées chaque année, soit 20 % des émissions actuelles du site.  Les salariés prennent d’ailleurs des vélos pour se rendre d’un bout à l’autre du séchoir et de la ligne de fabrication des plaques !

À l’horizon 2026, la mise en place du nouveau séchoir sera prolongée de l’installation, par un partenaire, d’une nouvelle chaudière à énergie thermique à proximité de l’usine d’Auneuil. Ce combustible proviendra des filières locales de valorisation des déchets ou des matières biosourcées renouvelables provenant elles aussi de la région. Ce projet de chaudière à énergie thermique est en attente de validation de la subvention de l’Ademe. L’utilisation de cette énergie thermique alternative et renouvelable permettra à Siniat de réduire encore de 60 % les émissions de CO2 et diminuera au total de 80 % la consommation du séchoir.

Une logistique millimétrée

Lorsque l’espace de stockage de l’usine Siniat d’Auneuil est plein, il contient jusqu’à 10 jours de production. En parallèle du projet EcoENerGy, le site d’Auneuil comprend également des initiatives diverses pour réduire encore davantage l’empreinte carbone telles que : la sélection de transporteurs routiers selon leurs engagements à réduire leur consommation de gazole (140 camions quotidiens dont 30 % sont des camions techniques qui vont directement sur le chantier), un parc de chariots élévateurs 100 % électrique et des livraisons à moins de 200 km. « Nous avons plusieurs produits qui répondent à différentes applications si notre client veut des plaques avec protection feu, s’il veut faire un effort acoustique, s’il veut des pièces humides etc. Nous travaillons par lot. Nous restons dans la recette de standard le plus souvent », précise Cédric Monatte. « Les salariés voient que l’on investit sur l’outil industrie. Cela les rassure et les fidélises », complète-t-il.  La livraison se fait via des négoces. Un showroom est à l’accueil pour toute la présentation des matériaux et un espace est dédié à la formation.

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