Seine-Saint-Denis : l’ex-Bison Futé accueillera une résidence sociale

L’ancien bâtiment de bureaux Rosnéens à l’architecture singulière des années 1980 hébergera la moitié des résidents de l’actuel foyer de travailleurs migrants. Le lancement des travaux est imminent !

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Le bâtiment qui hébergeait les bureaux opérationnels de l'ex Bison Futé a été entièrement curé en prévision des travaux de transformation en résidence sociale.

C’est à Rosny-Sous-Bois (Seine-Saint-Denis), dans la salle de commande de l’ancien Centre national d’information routière (CNIR), qui hébergeait les bureaux opérationnels de l’emblématique Bison Futé, qu’était annoncé ce lundi 5 mars 2024 le lancement imminent des travaux de reconversion du bâtiment. Alors que les opérations de curage sont achevées, ce chantier de transformation porté par Batigère Habitats solidaires doit accueillir une résidence sociale de 169 logements dédiés aux travailleurs migrants. Leur foyer actuel qui se trouve à quelques encablures, rue Allemane, rénové une première fois dans les années 2000, est aujourd’hui voué à la démolition du fait de sa vétusté.

« Il s’agit d’un projet démonstrateur de ce que nous sommes capables de faire dans le secteur du logement social », soutenait Emmanuelle Cosse, en tant que présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH), présente pour l’occasion. Le projet fait d’ailleurs partie des 97 lauréats félicités il y a tout juste deux ans à la suite de l’Appel à manifestation d’intérêt (AMI) « Engagés pour la qualité du logement de demain » porté par le GIP Epau, dont l’optique est d’accompagner des projets mêlant innovations constructives et qualité des logements.

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De gauche à droite, étaient présents : Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH) ; Benoit Narcy, directeur des opérations immobilières pour Batigère Habitats solidaires, Jean-Paul Fauconnet, le maire de Rosny-sous-Bois ; Julien Moulard, directeur général adjoint du Groupement d'intérêt public (GIP) pour l'Europe des projets architecturaux et urbains (Epau) ; Anne-Katrin Le Doeuff, directrice de l'AORIF - Union sociale pour l'habitat d'Ile-de-France. En présence également de Patrick Rubin, architecte de l'atelier Canal. © AL

Une architecture augmentée

L’enjeu de cette reconversion est de taille : ajouter 2 700 m² de surfaces aux 2 500 m² du programme d’origine, pour héberger des logements de 18 m² en moyenne. « Nous avions deux possibilités, construire à côté ou se lover autour. Nous avons choisi la deuxième solution, qui consiste à positionner le volume additionnel comme un amoureux transi couché en chien de fusil, pour n’offrir à la lecture qu’un seul bâtiment », explique Patrick Rubin, l’architecte co-fondateur de l’atelierCanal, qui doit mener à bien cet exercice de transformation.

Extension et surélévation épouseront alors l’architecture de 1986 des architectes lillois Gilbert Delecourt et Ludwig Peretz. Dans la continuité du système constructif existant, un volume de 500 m² en poteau dalle béton sera ajouté au premier niveau. Il dédoublera ainsi la couronne sud, pour bénéficier d’une distribution centrale desservant des logements de part et d’autre.

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En 2021, le bâtiment laissé vacant depuis plusieurs années se distingue par son architecture. © Canal

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Dans l'ancienne salle de commandes, le plafond sera decapsulé pour créer un patio qui illuminera les logements en couronne sud. © Canal

Surélévation bois

La surélévation sera, elle, réalisée grâce au recours à des procédés de construction hors site en bois. « Au départ, nous ne savions pas si nous bénéficions d’une occupation temporaire ou pérenne. Au-delà de ne pas détruire, notre volonté consistait à ne pas trop dégrader le site originel », poursuit Benoit Narcy, directeur des opérations immobilières pour le bailleur. « Ce système léger limite en plus l’ajout de charges », complète Patrick Rubin. « En tout, 79 modules individuels seront entièrement préfabriqués, tout équipés, c’est-à-dire isolés et avec leur mobilier intégré », ajoute Michel Veillon, le directeur général d’Ossabois, en charge de leur préfabrication. « Nous menons actuellement des réflexions autour de la lumière, des matériaux, de la couleur pour adapter au mieux le mobilier aux usages spécifiques des résidents », confie Patrick Rubin.

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Dans les modules de logements de 18 m², un soin particulier sera apporté aux usages spécifiques des résidents. © Canal

Dans la grande salle de commande, « où je me souviens de ce grand écran qui montrait tous les sens de circulation », se remémore non sans émotion le maire de la ville, Jean-Paul Fauconnet, le plafond sera décapsulé pour créer un patio intérieur et amener de la lumière aux logements.

La date de livraison de cette opération, qui prévoit le relogement de la moitié des 332 résidents du foyer actuel, reste pour l’heure confidentielle. Elle complète une construction neuve voisine de 170 logements sociaux répartis sur 4328 m² de surface. Conçue par l’agence Croix Marie Bourdon, elle doit être livrée durant l’été 2024.

La transformation des bureaux du CNIR en logements, exemplaire pour la région
« La région est soumise à de très fortes tensions sur l’offre de logements et connait malheureusement une production en chute importante depuis plusieurs années », expliquait Anne-Katrin Le Doeuff, présidente de l’AORIF - Union sociale pour l’habitat d’ile de France, qui rappelait à l’occasion quelques chiffres. « Alors que les schémas régionaux prévoient la production de 38 000 logements par an, l’année 2023 aura péniblement atteint les 18 000, ce qui illustre toute la difficulté à produire du logement social aujourd’hui », indique-t-elle.
En Ile-de-France, la moitié de la production HLM se fait en maîtrise d’ouvrage directe, un chiffre correct au regard de la moyenne nationale, mais loin des 88 % enregistrés au début du siècle dernier.
Autre chiffre clé, la moitié de la production des bailleurs sociaux en maîtrise d’ouvrage directe concerne des opérations de réhabilitation d’immeuble existant, « ce qui est exemplaire », note la directrice. Bien que seulement 28 % de la transformation d’actif non résidentiel, comme des bureaux, des locaux d’activités ou encore des parkings, soit portée par les bailleurs. À ce titre, elle en est convaincue, « l’opération du CNIR est emblématique de ces savoirs faire ».

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