SECURITE La fonction sécurité se professionnalise

Sur les postes de préventeurs, les entreprises de BTP intègrent des jeunes diplômés en « hygiène et sécurité », « qualité, sécurité, environnement » ou issus d’écoles plus généralistes. Ces profils répondent aux évolutions de la fonction.

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La sécurité n’est plus le domaine réservé des opérationnels. Dans bon nombre d’entreprises, les jeunes diplômés issus de filières spécialisées côtoient les hommes travaux passés à la prévention des risques. « Comme d’autres domaines, la sécurité a évolué avec les démarches de certification. Cette évolution a conduit à l’arrivée de spécialistes sur ces postes », note Hugues Decoudun, directeur prévention, santé et environnement du travail du groupe Colas. Un avis partagé par Stéphane Wilmotte, chargé du recrutement chez Norpac. « L’évolution des matériels comme la complexité de la réglementation entraînent un besoin de compétences pointues. Un animateur sécurité doit posséder une fibre juridique, être force de proposition et avoir une réelle capacité à transmettre les informations. » Le message des directions générales en faveur d’une meilleure prise en compte de la sécurité n’est sans doute pas étranger à cette « revalorisation » de la filière.

L’animateur sécurité est un bon communicant. Du bac 2 au bac 5, les filières de formation dans les domaines de la sécurité, souvent associés à la qualité et à l’environnement, se sont multipliées ces dernières années. L’école supérieure de la sécurité et de l’environnement (Essel) de Limoges fait partie des toutes premières écoles spécialisées.

Elle accueille des salariés du BTP, chefs de chantier ou conducteurs de travaux, qui viennent se former en vue d’un changement de poste et des jeunes diplômés venus chercher une double compétence après un bac 2. « Cette fonction nécessite d’acquérir un savoir-faire méthodologique. L’animateur sécurité doit surtout développer des compétences au niveau du relationnel, de la communication. Il n’a pas besoin d’être pointu dans un domaine technique », souligne Christian Brohon, responsable pédagogique de l’établissement. Pour Jacky Bellaguet, directeur prévention, qualité, formation de Sogea, « les jeunes issus des filières “sécurité” compensent leur manque technique au bout de quelques mois ». Julie Vautard, diplômée d’un DESS « qualité-sécurité-environnement » embauchée par Sogea comme conseillère en prévention, en est le parfait exemple : « Au départ, raconte-t-elle, le fait de ne pas connaître le chantier m’a un peu handicapée. J’avais du mal à juger du bien-fondé des explications que certaines personnes pouvaient me donner. Cette phase d’apprentissage a été un peu longue car je ne suis pas en permanence sur le terrain. J’ai posé beaucoup de questions. En face, j’ai trouvé des opérationnels pour me répondre. Ce sont eux qui m’ont formée. » Un avis nuancé par Christophe Laborde, responsable sécurité dans l’entreprise Castel & Fromaget, spécialisée en construction métallique. Après son passage par l’atelier, les études et les travaux, sa parfaite connaissance des postes constitue un atout. « A quelqu’un comme moi, passé par le terrain, on ne peut pas raconter n’importe quoi. Sur un chantier, je détecte tout de suite les situations à risque. » Pour aider les animateurs « qualité-sécurité-environnement » dans leurs missions, l’entreprise de BTP Cari a mis en place des binômes composés d’un animateur et d’un technicien sécurité issu de la production.

Le « stress coup de fil ».Plus qu’un diplôme, la prévention nécessite de « savoir parler avec son cœur et avec ses tripes », résume Jacky Bellaguet. Une affirmation qu’Emmanuel Musche, ingénieur prévention sécurité chez Bateg, fait sienne. « Pour se lancer dans la prévention, il faut avoir la foi, aimer le terrain, être capable de discuter avec tout le monde. Je suis là pour apporter mon avis, proposer des solutions. La décision finale appartient aux patrons de chantiers. » Dans leur fonction support, les responsables « sécurité » conservent le pouvoir d’arrêter un chantier jugé trop risqué. S’ils n’endossent pas la délégation de responsabilité en cas d’accident, tous le redoutent. « Quand j’ai pris ce poste, explique Christian Courtecuisse, animateur sécurité chez Norpac, je n’ai pas mesuré le stress coup de fil ! » Un stress que tous les préventeurs connaissent bien.

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