Son choix en a surpris plus d'un… à commencer par ses nouveaux salariés ! « Quand je suis arrivé, mes gars ont un peu halluciné. C'est vrai que je n'y connaissais rien et qu'à la base, je n'avais rien à faire là ! » plaisante Fabien Guille des Buttes, qui a racheté une entreprise spécialisée dans les travaux de toiture et d'isolation en 2018, après une belle carrière chez l'opérateur SFR. Cela n'a pas empêché ce Chartrain âgé aujourd'hui de 44 ans de s'investir à fond dans sa nouvelle vie. Sans regret pour celle qu'il venait d'abandonner.
« J'étais directeur commercial France, j'ai gravi tous les échelons après avoir commencé dans une agence de distribution du groupe à Chartres en 2003 », raconte ce quadragénaire au physique de rugbyman. Juriste de formation mais commercial dans l'âme, il supervisait toute l'activité B to B du groupe de téléphonie mobile, avec plusieurs centaines de personnes sous ses ordres. Mais il a eu envie de passer à autre chose. « J'avais un salaire plus que confortable, mais j'en avais fait le tour. J'ai profité d'un plan social pour partir en 2016 », résume-t-il.
Renouer avec le terrain. SFR aurait bien voulu le garder mais il décline les offres « malgré des propositions très intéressantes ». Son envie ? Renouer avec « le terrain » en investissant dans une entreprise. Il va lui falloir deux ans pour la trouver. Au départ, il envisage une concession motos, mais l'affaire échoue, de peu. Finalement ce sera Launay Artoit, une société d'une douzaine de salariés basée à Mainvilliers (Eure-et-Loir), dans la banlieue de Chartres, et à Etampes (Essonne), qui réalise des travaux de toiture -en neuf et en rénovation -et d'isolation.
« J'ai beaucoup bossé et j'ai fait pas mal d'erreurs au début, surtout dans les commandes. Maintenant, ça va mieux ! » Fabien Guille des Buttes, P-DG de Launay Artoit
Dès la vente conclue, le nouveau patron se met au travail et apprend vite. « Sur les réunions de chantier, vous n'avez pas le choix, vous êtes obligé de connaître votre sujet. » Pour tout comprendre, il regarde, lit et monte sur le toit, où il fait le manœuvre avec ses équipes. Pour les devis, ses ouvriers lui donnent un coup de main. « J'ai beaucoup bossé et les logiciels sont plutôt bien faits, mais j'ai quand même fait pas mal d'erreurs au début, surtout dans les commandes. Maintenant ça va mieux ! »
Son énergie, il la met aussi au service de la réorganisation de l'entreprise. Il rénove le matériel, les vêtements de travail, sécurise les approvisionnements, instaure une mutuelle et des RTT, crée de la cohésion, affecte les équipes en fonction des aptitudes et des préférences de chacun… Quant à ses talents de commercial et son sens du relationnel, ils se révèlent précieux pour décrocher des chantiers et pallier les coups durs.
Du temps pour sa famille. Sa nouvelle vie n'est bien sûr plus tout à fait la même. Il a troqué sa Porsche contre un 4 x 4 et a cessé de collectionner les montres hors de prix. « J'ai divisé mon salaire par deux, c'est vrai, mais je vis très bien. De toute façon, je n'avais pas le temps de dépenser ce que je gagnais, j'étais souvent sur la route ou entre deux avions… » En échange, il s'autorise une nouvelle forme de luxe. Il continue à se lever tôt, mais peut dîner le soir avec ses deux garçons, et les accompagner le week-end sur les terrains de rugby.
En trois ans, Fabien Guille des Buttes a appris à apprécier son nouveau métier d'entrepreneur, même s'il a fallu « un peu de temps pour y trouver des moments de plaisir ». Cela lui vaut encore quelques nuits blanches, d'autant que l'année écoulée, avec la crise sanitaire, a été « une catastrophe en termes de rentabilité ». Mais l'envie de continuer est intacte : « Je me suis attaché à l'entreprise. Maintenant j'aides copains couvreurs, sourit-il. Et quand je suis en voiture avec mes gamins, je fais facilement un détour de 10 km pour leur montrer les chantiers dont je suis fier. »