SAINT-FLOUR Paysage et développement économique

S'appropriant les conclusions d'un Plan paysage lancé à l'initiative de l'Etat pour cause d'autoroute une ville du Cantal de 7 600 habitants repense son développement en recherchant cohérence et qualité.

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« Plutôt technocratique à l'origine, le plan paysage est devenu un projet politique : le support d'une révision du POS et d'un projet de développement », se félicite Alain Marguerit, paysagiste. « Les élus se sont approprié ce Plan paysage à partir duquel ils ont réfléchi à un projet de ville autour de la problématique : comment se positionner face à l'A75 », renchérit Pierre Jarlier, maire de Saint-Flour, qui, dès 1993, a axé son programme sur la corrélation entre développement économique et préservation du paysage.

La rencontre du paysagiste et des politiques remonte au début des années 90, lorsque le ministère de l'Equipement désigne Saint-Flour parmi les quatre sites pilotes des Plans paysages. Est retenu le territoire visible depuis l'A75, le long des 50 kilomètres de son parcours à travers le département du Cantal. Fin 1992, lorsque Alain Marguerit rend ses conclusions, il se trouve qu'elles sont en contradiction avec les orientations des documents d'urbanisme de Saint-Flour. Elu maire quelques mois plus tard, Pierre Jarlier, architecte-urbaniste de formation, annule les projets en cours : révision du POS et réalisation d'une ZAC. En effet, alors qu'Alain Marguerit recommandait de préserver la perspective qui permet de découvrir, à partir de l'autoroute, la cité médiévale, ou ville haute, perchée sur un éperon rocheux, une ZAC était en cours d'implantation sur ce cône de vue, à proximité de l'échangeur nord. Le choix du site de Montplain pour la ZAC permet de dégager l'entrée vers la ville basse. Alain Marguerit propose que celle-ci soit aménagée pour créer, à l'intention des automobilistes de passage sur l'autoroute, une aire d'accueil et de services à l'intérieur de la ville, à 2 kilomètres de l'A75.

Construite autour de la gare lorsque le chemin de fer arriva à Saint-Flour, cette ville basse est un faubourg qui a mal vieilli. En son centre, un ancien foirail, la place de la Liberté, est devenue en fait un carrefour. C'est autour de cet espace que sera menée la double démarche de création d'une aire d'accueil et de recomposition de la ville. Son aménagement en éventail, souligné par des tilleuls argentés, tient compte de ces nouvelles contraintes. La circulation et le stationnement automobiles ont été réorganisés, les réseaux électriques dissimulés ; devant les bars et restaurants, des terrasses sont aménagées ; sur son pourtour, des bancs de pierre ont été dressés. Afin de rappeler que Saint-Flour est aux confins de deux zones géologiques, les concepteurs de la place, les paysagistes de l'agence In Situ, ont utilisé le basalte noir de la Planèze et le granit clair de la Margeride. Parallèlement, la municipalité engage une démarche de charte de qualité avec les commerçants et hôteliers, l'offre de services est étendue et requalifiée.

La ville de Saint-Flour confie aussi à l'Atelier des Paysages d'Alain Marguerit plusieurs aménagements complémentaires, dont les berges de l'Ander et le chemin des Chèvres. A quelques dizaines de mètres de la place de la Liberté, les bords de l'Ander, longtemps abandonnés à la végétation, sont devenus une promenade de plus de 1 kilomètre, avec vue sur des jardins privés et des prairies. Des murs de basalte stabilisent le terrain, une passerelle en caillebotis permet de traverser la rivière, des bancs ont été installés : au-delà de la seule offre de services, les voyageurs trouvent là une raison de s'arrêter à Saint-Flour. Ceux qui veulent poursuivre leur escapade jusqu'à la ville haute peuvent gravir les quelque 300 marches du très ancien chemin des Chèvres qui ont été reprises, toujours en basalte et granit.

Ces réalisations successives ont permis d'attirer à Saint-Flour de nouvelles activités. Les commerces se sont développés en ville basse. Les habitants se sont réapproprié ces espaces publics, individuellement ou pour des fêtes collectives.

FICHE TECHNIQUE (p.137) :

Maîtrise d'ouvrage : ministère de l'Equipement pour le plan paysage ; Ville de Saint-Flour, pour la révision du POS et les aménagements

Maîtrise d'oeuvre : Atelier des Paysages Alain Marguerit, révision du POS et aménagement des espaces publics ; In Situ, paysagistes, aménagement de la place de la Liberté ; Atelier de la Gère, architectes, projet urbain de la ville basse

Coût travaux espaces publics : 20 millions de francs (place de la Liberté, berges de l'Ander et chemin des Chèvres)

PHOTOS :

Page de gauche, c'est autour de la place de la liberté, dans la ville basse, que l'espace a été structuré, la circulation a été, ordonnée, les réseaux électriques, dissimulés, des terrasses de bars, aménagées, etc.

Ci-contre, les marches du très ancien chemin des chèvres ont été reprises.

du basalte et du granit ont été utilisés par les paysagistes afin de rappeler que la ville est aux confins de deux zones géologiques.

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