Retraites : pourquoi des artisans du bâtiment rejoignent le mouvement de contestation

Suite à la consultation de ses adhérents, la Capeb des Côtes-d’Armor s’oppose à la réforme des retraites. Une décision en décalage avec le discours national de la confédération.

Erlé Boulaire, président de la Capeb des Côtes-d'Armor.
Erlé Boulaire, président de la Capeb des Côtes-d'Armor.

« Une organisation patronale qui soutient le mouvement contre la réforme des retraite, ça se remarque ! ». Erlé Boulaire, président départemental de la Confédération des artisans du bâtiment des Côtes-d’Armor, a bien conscience que la décision de son conseil d’administration (CA) fait parler dans le Landerneau des entreprises de BTP.  Le 30 janvier dernier, ses 22 membres ont en effet voté le rejet de la réforme des retraites portée par le gouvernement.

Cette position, en décalage par rapport à la position de la confédération, ne s’est pas prise sur un coup de tête. « Lorsque le projet de loi a été dévoilé en janvier, nos adhérents nous ont interpellés, se souvient Erlé Boulaire. Afin de nous montrer réactifs, nous avons lancé une consultation par SMS auprès de notre millier d'adhérents. Ca a passionné ! » Le résultat est sans appel : 75% des répondants se sont dits hostiles au projet. « A partir de là, on ne peut pas ne rien faire. » S’en est donc suivi un vote du CA, des relais dans la presse et une participation au défilé du 7 février. Avec, côte-à-côte, des chefs d’entreprise et leurs salariés, « qui étaient payés »  précise le président.

Crispations sur la pénibilité

Sans surprise, les artisans se montrent critiques sur la question du report de l’âge de départ en retraite, mais aussi sur celle de la pénibilité. « Porter des charges, descendre une chaudière dans un sous-sol, travailler en hauteur ou en extérieur… Cela contribue à rendre nos métiers physiquement durs dès 50 ans », rappelle celui qui est également électricien-plombier-chauffagiste. Des difficultés inhérentes au métier, quel que soit le statut. « On se bat pour nous, mais aussi pour nos compagnons qui pourraient être nos enfants. »

L’initiative bretonne n’a pas mis longtemps à faire du bruit jusqu’à Paris. Dès le lendemain du vote, une visio était organisée pour échanger. Cependant, les Bretons insistent : leur prise de position ne doit surtout pas être perçue comme une fronde vis-à-vis de la confédération et de son président Jean-Christophe Repon. « Nous remercions la Capeb et l’U2P d’avoir négocié ce qu’ils ont pu. La seule erreur commise par le national est, selon moi, de ne pas avoir questionné les entités départementales sur leur ressenti », concède Erlé Boulaire.

Sur le terrain, les retours seraient « extrêmement positifs ». Même s’il se défend de chercher à embarquer d’autres entités locales dans l’aventure, le président départemental confirme avoir été sollicité par des homologues qui souhaitent eux aussi consulter leur adhérents. Il en est convaincu : « Nous sommes le porte-voix de ce que beaucoup pensent tout bas. »

Abonnés
Baromètre de la construction
Retrouvez au même endroit tous les chiffres pour appréhender le marché de la construction d’aujourd'hui
Je découvreOpens in new window
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !