Jean-Pierre Jacquot, responsable de la formation en réhabilitation du patrimoine ancien au CFA du BTP de l'Yonne à Auxerre (500 apprentis), bataille ferme pour décrocher l'année prochaine une promotion d'au moins douze personnes. Cela lui permettra de relancer un enseignement qu'il a lui même créé il y a cinq ans et qui, faute de candidats, n'a été dispensé que deux années de suite, en 1992-1993 et en 1993-1994. « Notre principale difficulté tient à la nature d'un recrutement qui se veut par définition national ; c'est pourquoi nous sollicitons beaucoup le CCCA» (1), souligne Jean-Pierre Jacquot.
Le CFA de l'Yonne est avec celui de Bains (Haute-Loire) le seul en France à conduire à une mention complémentaire à la restauration du patrimoine architectural. Il y ajoute de plus un certificat de compagnon spécialisé en restauration du patrimoine architectural traditionnel, titre homologué et reconnu par le ministère de la Culture. « Et nous prenons en compte toute la dimension du patrimoine ancien, qu'il soit classé monument historique, inscrit à l'Inventaire ou tout simplement vernaculaire » , précise Daniel Gombert, conseiller en formation au CFA.
Un chantier école permanent
L'accès se fait à partir du brevet professionnel et sur dossier à l'appui d'une solide expérience professionnelle, principalement en maçonnerie, gros oeuvre et taille de pierre. La formation en alternance dure un an et s'étale sur treize semaines (507 h), dont une à l'étranger et huit passées sur un chantier d'application à Sainte-Colombe-en- Auxois (Côte-d'Or). « Grâce à ce château des XVIIe et XVIIIe siècles, nous n'avons aucune contrainte de temps et pouvons aussi bien travailler à l'intérieur qu'à l'extérieur suivant les intempéries » , explique Jean-Pierre Jacquot. Organisée par module, ce qui permet aux entreprises d'inscrire des stagiaires en formation continue pour tel ou tel perfectionnement, la formation se veut complète.
Côté enseignement technique et théorique, elle prend en compte aussi bien l'histoire de l'architecture, la pathologie des constructions anciennes, l'organisation d'un chantier que les études des matériaux nouveaux adaptés à la restauration. Tout un volet s'intéresse aussi à la lecture des plans, à la représentation graphique des principaux styles d'architecture et initie à la stéréotomie. Côté pratique, le château de Sainte-Colombe-en-Auxois offre un terrain privilégié pour le limousinage, l'hourdissage et le galandage ainsi que l'exécution d'enduits anciens, le façonnage d'éléments d'assemblage en charpenterie et la réalisation d'étaiements (cintres et tabourets). Cet aspect professionnel est confié à des intervenants extérieurs, architectes des bâtiments de France, ingénieurs urbanistes, archéologues et cadres d'entreprise spécialisée.
(1) Comité central de coordination de l'apprentissage.
PHOTO : La formation s'étale sur treize semaines dont huit sur le chantier école de Sainte-Colombe-en-Auxois.