Réseaux d’eau Récupérer l’eau de pluie : nouvelles possibilités… nouvelles exigences

Perçue par les particuliers comme un geste citoyen en même temps qu’une source d’économie, l’utilisation de l’eau de pluie à l’intérieur des bâtiments a fait l’objet en 2008 d’une clarification réglementaire très attendue.

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Cent mille habitations équipées d’un système de récupération des eaux de pluie en Allemagne, huit mille seulement en France selon le syndicat Profluid… La faute à une réglementation hexagonale draconienne quant à l’utilisation de cette ressource naturelle à l’intérieur des bâtiments. Du moins jusqu’à l’arrêté ministériel du 21 août 2008 qui autorise officiellement l’usage (1) de l’eau provenant des toitures non-accessibles dans les sanitaires et pour le lavage des sols, voire le lavage du linge sous réserve d’un traitement de l’eau « adapté » (lampe UV typiquement). « Le texte a eu un effet immédiat sur notre activité, se félicite Franck Bertin, dirigeant de la société Eaux Vives à Roanne (Loire) et membre du GIE France Pluie. La récupération des eaux pluviales est une option qui se concrétise plus fréquemment désormais. » Au-delà du geste pour l’environnement, c’est en effet un moyen non négligeable de dépenser moins. « En France, avec une maison de 130 m2 au sol, il est possible de récupérer environ 120 m3 d’eau de pluie chaque année, ce qui représente une économie de 360 euros en moyenne », calcule Bénédicte Mathon, responsable d’Eaux de France Rhône-Alpes. Grosso modo, ces 120 m3 correspondent à 60 % de la consommation annuelle d’une famille de quatre personnes qui pourra ainsi alimenter gratuitement ses sanitaires (30 % des besoins totaux en eau) et son lave-linge (10 %), mais aussi arroser son jardin (10 %) et nettoyer ses sols (5 %).

Dispositif de disconnexion

Si la réglementation élargit les usages possibles de l’eau de pluie, elle amène aussi son lot d’exigences techniques, comme l’installation d’un dispositif de disconnexion rendant possible l’appoint depuis le réseau de distribution d’eau potable en protégeant ce dernier des remontées d’eau de pluie. « Techniquement, c’est l’un des points délicats », souligne Jérémie Steininger, secrétaire général de l’Ifep (Industriels français de l’eau de pluie). Pour faciliter le travail des installateurs, les industriels développent des systèmes intégrés prêts à l’emploi, à l’image du Récupéo, de Salmson. Conforme à la norme EN 1717, ce gestionnaire d’eau de pluie pré-assemblé comprend une pompe, un réservoir tampon de 11 litres, un automate et un coffret de commande. « C’est un équipement simple à poser, capable de gérer le double réseau en toute sécurité », commente Julien Lefèvre, chef de marché bâtiment chez Salmson. Avec une capacité de pompage de 4 m3/h, il trouvera plutôt sa place en logement individuel. Dans le petit collectif, on se tournera vers des matériels plus fortement dimensionnés comme le RainSystem AF 150 de Wilo (16 m3/h),muni de deux pompes utilisées alternativement en temps normal, pour limiter la fatigue, mais mises en parallèle pendant les périodes de pointe.

5 m3 pour quatre personnes

Essentiel au fonctionnement de l’installation, le réservoir, associé à des filtres amont et aval, est lui aussi très réglementé. Non translucide, doté de parois intérieures inertes vis-à-vis de l’eau de pluie, nettoyable, vidangeable et fermé par un accès sécurisé, ce réservoir généralement enterré peut être en béton, plastique ou acier. Le choix du matériau sera en grande partie conditionné par la taille de la cuve (polyéthylène pour les plus petites, acier pour les plus grandes, béton en l’absence de contrainte particulière liée au poids et aux moyens de levage), la taille étant elle-même déterminée par l’usage (individuel, collectif ou tertiaire), et par la situation géographique du bâtiment. Du fait de sa pluviométrie irrégulière, le Sud de la France réclamera des réserves plus importantes que le Nord, la taille raisonnable étant le plus souvent fixée à 5 m3 pour une famille de quatre personnes. « Par excès de prudence, les particuliers ont généralement tendance à surdimensionner leur cuve », note Franck Bertin. Une erreur pour le porte-monnaie mais aussi pour la qualité de l’eau, puisqu’il est souhaitable de faire régulièrement déborder le réservoir si l’on veut chasser les particules flottantes. En cas d’incertitude sur les besoins ou leur évolution, il peut être intéressant de s’orienter vers un système modulaire de sous-sol tel que le Souplex d’Aquality, réalisé avec des cuves en polyéthylène accolées d’une capacité unitaire de 1 000 litres. Le même fournisseur propose un système de bâche souple (2 000 à 9 000 litres) en EPDM (éthylène propylène diène monomère), idéal pour les maisons déjà construites qui disposent d’un important vide sanitaire. Pour autant, il ne faudrait pas en déduire que le plastique ne s’adresse qu’aux petites capacités. La preuve avec les cuves en polyester armé (fibres de verre) de Sebico, déclinées de 7 à 70 m3. Pour 20 m3, elles pèsent moins de 800 kg, contre 10 t pour le béton…

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