Où en est Valobat ?
Valobat est désormais une société immatriculée qui compte 26 associés actionnaires*, représentatifs de l’ensemble des familles de produits de la construction. Son but est de fonder un éco-organisme multi-matériaux qui se positionne sur l’ensemble des familles de produits. Nous pensons en effet que c’est une valeur ajoutée supplémentaire pour un éco-organisme de proposer aux différentes parties prenantes (adhérents potentiels, prestataires du déchet, collectivités locales etc…) une simplification des choses avec un interlocuteur unique.
Réunir tous ces metteurs en marché était un gros pari mais toutes les familles de matériaux sont désormais représentées (matériaux inertes, bois, plâtrerie, isolation, menuiseries, métaux construction, équipements, plastiques rigides, membranes, revêtements de sols) par des acteurs majeurs de leur secteur : groupes internationaux représentés par leurs filiales, groupes familiaux de grande taille et groupes familiaux de taille intermédiaire.
Il y a un grand engagement de leur part. Ce n’est pas du « green washing » ou de la simple communication. Ces actionnaires nous ont dit : « construisez un éco-organisme multi-matériaux ambitieux qui fasse réellement progresser la filière et l’économie circulaire dans nos métiers. Pour une grande partie d’entre eux ils sont d’ailleurs déjà très engagés et ont déjà mis en place leur propre filière de reprise des déchets et de recyclage pour des matières premières secondaires. Les plus connus ce sont Placo et Siniat, Tarkett ou Gerfloor. Côté distributeurs, il y a ceux qui se sont impliqués dans la mise en place d’initiatives pour la reprise des déchets sur leurs points de vente. SGDB est très en pointe là-dessus. Dans le domaine du métal et des équipements électriques les filières de recyclage sont très mûres. Nous bénéficions donc du soutien plein et entier de nos adhérents pour construire l’éco-organisme au rythme nécessaire.
Par ailleurs, Valobat aujourd’hui c’est une équipe d’une quinzaine de consultants et de managers de transition. Des personnes expérimentées qui ont créé ou travaillé dans des éco-organismes. Elles travaillent sur son schéma opérationnel à venir, sur la mise en place des systèmes d’information qui permettront demain l’adhésion, les déclarations, la facturation, la contractualisation avec les entreprises de traitement des déchets et les collectivités. Cette équipe met en place le fonctionnement administratif et financier et prépare la campagne de communication sur l’adhésion à Valobat qui démarrera dans les semaines à venir. Nous sommes en train de recruter la future équipe permanente qui va prendre la suite de l’équipe actuelle.
*Aliaxis/Nicoll, BMI Monnier, Elydan (canalisations), Etex extérieur, Siniat, Fédération enveloppe métallique du bâtiment, Fayat Métal, Forbo, Gerfloor, Groupe Briand , Hansgrohe, Knauf et Knauf Insulation, Isover, Placo, SGDB (PointP et filiales spécialisées), Schneider, Legrand, Nexans, Prysmian, Rexel, Rockwool, SNFA et UFME (syndicats menuiseries), Soprema, Tarkett.
Vous serez –donc prêts en janvier 2022 ?
Je suis confiant !Il faut noter qu’en termes d’économie circulaire dans le bâtiment, il y a déjà beaucoup d'initiatives positives, qui sont peut-être encore trop méconnues. Nombre de metteurs en marché se sont organisés pour récupérer des déchets de chantier et les intégrer dans leur process. Et il y en a de plus en plus.
Par ailleurs, on parle beaucoup des dépôts sauvages. Mais de par mon expérience, je sais que les entreprises du secteur sont de grands pros qui, quand ils ont compris l’intérêt écologique et économique des choses (tri, collecte séparée), savent faire et font. Ils ne sont pas moins éco-responsable et éco-citoyens que vous et moi dans la vie de tous les jours.
Aujourd’hui, la principale inconnue ce sont les délais administratifs de sortie des textes. Le décret n’a pas encore été transmis au Conseil d’Etat. On est donc en passe de prendre un retard de quelques semaines voire quelques mois. Mais cela ne nous empêche pas de nous organiser pour être prêt début 2022. Pour vous donner un ordre de grandeur, on est en train de construire en 6 mois un éco-organisme là où les grandes filières de REP précédentes se sont construites en général entre 18 mois et deux ans. Et tout le monde reconnaît que la filière REP PMCB est de très loin la plus grosse et la plus complexe qu’on ait jamais construite.
Le devenir de la filière en termes d’économie circulaire sera entre les mains des détenteurs de déchets, maîtres d’ouvrage et les entreprises de pose et de démolition. J’ai confiance que si on leur amène un dispositif économique et pratique qui répond à leurs besoins, ils prendront leurs responsabilités.
Vous êtes confiant sur votre capacité à décrocher l’agrément ?
Des associés ont consenti les avances en compte courant nécessaires pour assurer le financement de l’éco-organisme jusqu’à son lancement opérationnel. Et l’équipe aujourd’hui possède un niveau d’expérience et de technicité sur ces sujets de création d’éco-organismes hors-norme. Donc oui je suis confiant sur notre capacité à obtenir l’agrément.
Comment allez-vous fonctionner ?
L’éco-organisme va organiser la collecte, le tri et le recyclage en s’appuyant sur ce qui existe déjà sur le marché aujourd’hui. Les déchets du bâtiment sont déjà pris en charge à la sortie des chantiers par un réseau qui existe de prestataires bien connus, un réseau de plateformes professionnelles de traitement, des déchèteries locales et des déchèteries mises en place par les distributeurs. Ce maillage doit être développé et la grande nouveauté, c’est le principe de la reprise sans frais des déchets triés et collectés séparément. L’objectif est d’aller vers un meilleur tri à la source. C’est la condition du développement du recyclage. Une bonne partie des matériaux mis en œuvre dans le bâtiment ne sont pas triés à la source. La difficulté technique par des tris ultérieurs, automatiques ou manuels, de les rendre aptes au recyclage dans les processus industriels, pour certains est quasi insurmontable, pour d’autres très difficile, pour d’autre encore cela risque de mettre en danger la viabilité économique du système, pour les derniers c’est possible. Il faut donc développer des filières qui vont permettre d’obtenir en aval les matières premières utilisables. Il y a des exemples emblématiques connus dans la filière du plâtre. Aujourd’hui on a des pourcentages significatifs de plâtre provenant de chantiers réutilisé par les industriels pour leurs nouvelles plaques. Cela on l’a réussi grâce à la mise en place de bennes réservées au plâtre. L’enjeu c’est de réaliser ça pour d’autres matériaux.
Valobat espère plusieurs milliers d’adhérents en 2022. Notez que parmi ses actionnaires il a d’ores et déjà des futurs adhérents « naturels » qui représentent, de par leur taille sur leurs marchés respectifs, une partie significative du marché.
J’adresse d’ailleurs un message aux parties prenantes de la filière (maîtres d’ouvrage, entreprises de pose, distributeurs, acteurs du déchet et collectivités) : nous avons vraiment une opportunité exceptionnelle de construire une filière de valorisation qui soit efficace, de faire grandir l’économie circulaire dans le bâtiment. La volonté de Valobat est de le faire en s’appuyant sur toutes les bonnes volontés et les initiatives existantes. Je sais qu’on arrivera pragmatiquement et avec beaucoup de volonté à construire quelque chose de formidable. J’appelle tous ceux qui le souhaitent et qui se situent dans cet état d’esprit ambitieux vis-à-vis de l’environnement à collaborer avec nous là-dessus.
Une multiplicité d’éco-organisme ne risque-t-elle pas de semer la confusion ?
Il faudra que ça ne soit pas un facteur de confusion. Evidemment, il est plus compliqué de gérer plusieurs éco-organisme qu’un seul. Et d’ailleurs notre parti pris c’est d’être présent sur l’ensemble des flux de matériaux pour simplifier les choses autant que possible. Maintenant comme il y aura plusieurs éco-organisme ça va certainement les contraindre à se coordonner. C’est une complexité et des coûts supplémentaires mais nous ferons avec.