Très efficace d'un point de vue énergétique, l'isolation thermique par l'extérieur (ITE) en rénovation nécessite une solide maîtrise technique. Voici les points de vigilance relevés par l'AQC dans ses retours d'expériences, qui peuvent être téléchargés ici.
Isoler les soubassements et parties enterrées
Lorsqu'ils sont en contact avec un volume chauffé, les soubassements et parties enterrées doivent être isolés. Dans le cas contraire, un pont thermique à la jonction de la façade et du plancher bas viendrait altérer la performance thermique de l'ITE. Sans compter le risque de condensation sur les surfaces non isolées !
Il faut donc veiller à faire descendre l'isolant jusqu'à 30, voire 40 cm sous le niveau bas de la dalle intérieure. Cette isolation doit être réalisée avec des matériaux imputrescibles et résistant à la pression. Ils seront collés sur la paroi étanche, et non chevillés, pour éviter un perçage qui créerait des risques d'infiltration.
Une hauteur minimale de départ à respecter
15 cm depuis le sol extérieur fini : c'est la distance à respecter pour le départ de l'ITE. Sur balcon, il faudra fixer le profilé de départ à 2 cm d'un sol en pente vers l'extérieur, mais à 5 cm d'une pente vers l'intérieur avec caniveau.
Une trop grande proximité de l'ITE avec le sol crée un risque de dégradation de l'isolant, par projection d'eau et/ou remontées capillaires.
Une interface ITE / ITI à soigner
Il arrive que certains murs soient isolés par l'intérieur, et d'autres par l'extérieur, pour des raisons d'accès, de mitoyenneté ou encore d'esthétique. Il faut impérativement traiter l’interface entre l’ITI et l’ITE. C'est indispensable pour limiter les ponts thermiques, mais aussi la condensation. Un prolongement d'une soixante de centimètres de l'ITI ou de l’ITE selon les configurations est nécessaire pour assurer un recouvrement suffisant et limiter le pont thermique.
Continuité de l'isolation entre menuiseries et ITE
Sans isolation des retours de tableaux de menuiseries posées au nu intérieur des façades ou en tunnel côté intérieur, un pont thermique important est créé. Des moisissures peuvent apparaître. Ces dommages sont fréquents en cas de mauvaise articulation entre les phases de travaux, notamment quand la pose des menuiseries a été faite sans prendre en compte la future ITE.
À la conception du projet, il est préférable de positionner les menuiseries neuves au nu extérieur du mur, dans la continuité de l'ITE. Si les menuiseries existantes sont conservées, il faudra veiller à isoler les tableaux, avec dans l'idéal 40 mm d'isolant. Si cette épaisseur n'est pas possible, il faudra recourir à des produits très isolants, comme l'aérogel de silice, qui peut se limiter à 25 mm d'épaisseur.
L’ITE devra être désolidarisée des dormants de la menuiserie avec un profilé de raccordement souple, une bande de mousse imprégnée précomprimée ou un mastic en polyuréthane sur fond de joint.
Pose des menuiseries neuves au nu extérieur
Dans ses retours d'expérience, l'AQC note une mauvaise pratique consistant à placer des menuiseries neuves au nu intérieur du mur, à l’emplacement des anciennes. Or, les placer dans le plan de l'ITE, au nu extérieur, supprime les ponts thermiques et peut augmenter l'apport de lumière naturelle. Outre la jonction entre le dormant et l'ITE (voir ci-dessus), il faut aussi traiter allèges et linteaux.
Coffre de volet roulant et ITE
Sans traitement spécifique, les coffres de volets roulants existants créent des ponts thermiques. Des coffres en applique de baie à l’extérieur, après la pose de l'ITE, constituent la meilleure réponse pour supprimer les ponts thermiques et conserver un accès pour la maintenance.
Préparation du support
Une ITE en rénovation nécessite un diagnostic du support. Lézardes, remontées capillaires, champignons, humidité... : autant de désordres à traiter avant la pose de l'isolant, au risque de voir celui-ci se décoller et tomber. Il faut donc préalablement nettoyer à haute pression, sonder les parties abîmées, piquer les éléments décollés, reboucher lézardes et fissures. En pose collée, les anciennes peintures devront être décapées (pas en pose chevillée-calée, qui en revanche nécessite une étude de résistance mécanique). La fixation de l'isolant devra être adaptée au support et au matériau retenu.
Désolidariser les escaliers extérieurs du gros œuvre
Idéalement, un escalier extérieur doit être désolidarisé de la façade, pour assurer la continuité de l'isolant. Dans le cas contraire, le pont thermique est assuré, et le risque d'humidité réel. Il faudra donc déposer l'escalier existant et en fixer un nouveau, à structure métallique ou en bois, avec des masses d'ancrage isolantes sur le mur support avant la pose de l'ITE. Une fois la façade isolée, l'escalier sera vissé dans ces masses d'ancrage.
Désolidariser puis fixer correctement les petits éléments rapportés
Une clôture, un portail, une descente d'eaux pluviales... : autant d'éléments accrochés à la façade qu'il faut absolument désolidariser avant la pose de l'ITE. Ils seront ensuite remis en place, à l'aide de fixations traversantes à rupture thermique.
Protéger les isolants en phase chantier
La pluie et le vent sur un isolant en cours de pose peuvent l'endommager. Les isolants fibreux se tassent sous le poids de l'eau, les liants des laines minérales peuvent créer des taches sur l'enduit, le PSE peut fariner et jaunir, les panneaux isolants peuvent se détacher. Il faut donc protéger le chantier tous les soirs, notamment en cas d'événement imprévu. Cette protection sert aussi contre les UV en été. Travailler par petite zone permet de mieux protéger les surfaces. En cas d'intempéries, portez une attention particulière aux parties basses, trop souvent négligées, mais pourtant exposées aux éclaboussures et ruissellements.
Si un panneau isolant a été endommagé, mais qu'il adhère encore au support, un ponçage s'impose.
Traiter les traversées
Des gaines électriques traversent les façades pour des caméras, des antennes, des éclairages. Ces traversées doivent rester peu nombreuses, et être calfeutrées (mastic sur fond de joint, bande d'étanchéité entre le câble et le fourreau, bande ou fourreau en mousse....). Des boîtiers électriques avec passage de câbles isolés s'imposent.